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Libération
Making-of

«Pushback» de migrants, huit mois en quête de preuves

Des journalistes de sept pays et huit médias, dont Libération, ont collaboré pour apporter des preuves vidéos de «pushback» illégaux en Grèce, Croatie et Roumanie.
Un pushback, le 8 septembre, près de Majdan, à la frontière serbo-roumaine. (Lighthouse Reports)
publié le 6 octobre 2021 à 21h30

C’est une enquête inédite à laquelle Libération a participé. Pendant huit mois, des journalistes de sept pays et huit médias ont collaboré, sous la houlette du consortium néerlandais Lighthouse Reports, pour raconter les refoulements illégaux de migrants aux frontières extérieures de l’Union européenne et en identifier les responsables. Tout est parti d’un constat : en Grèce, Roumanie ou Croatie, les témoignages de demandeurs d’asile affluent, recueillis par des associations, des avocats ou des journalistes. Tous décrivent les mêmes scènes : des hommes, femmes et enfants repoussés, parfois avec violence, hors des frontières de l’Europe, sans avoir pu solliciter sa protection.

Ces pushback sont souvent le fait d’hommes masqués. Des policiers, supposent les migrants, sans en avoir la preuve. Car leurs téléphones sont confisqués, les images manquent. Alors les journalistes du collectif sont allés à la frontière entre la Croatie et la Bosnie, dans cinq petits villages connus pour être des lieux de refoulements. En Roumanie, un lieu stratégique, à la croisée de plusieurs chemins de terre au nord du village serbe de Majdan a aussi été ciblé. En utilisant drones, caméras thermiques er de chasse déclenchables à distance, ils ont pu obtenir des preuves visuelles. Elles établissent que ces pushback, loin d’être une dérive, constituent une stratégie établie de la part d’Etats dont les forces de police sont soutenues financièrement par l’UE.