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Qu’est-ce que l’enclave du Haut-Karabakh, disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ?

L’Azerbaïdjan a annoncé ce mardi 19 septembre lancer une opération militaire qualifiée «d’antiterroriste» dans l’enclave du Haut-Karabakh, un territoire à majorité arménienne. La zone est au centre d’un long conflit entre Erevan et Bakou.
Un homme sur le toit du monastère de Dadivank, dans le Haut-Karabakh, en novembre. La zone est désormais en territoire azerbaïdjanais. (Adrien Vautier / Le Pictorium/Photo Adrien Vautier. Le Pictorium pour Libération)
publié le 19 septembre 2023 à 19h34

Un territoire montagneux de 4 400 kilomètres carrés est, depuis des décennies, le théâtre d’affrontement entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Après deux précédentes guerres qui ont sévi dans cette enclave du Caucase à majorité arménienne – mais reconnue comme faisant partie de l’Azerbaïdjan – la région se voit de nouveau disputée. Ce mardi 19 septembre, l’Azerbaïdjan a lancé des «opérations antiterroristes» au Haut-Karabakh, après la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines, accusant des séparatistes arméniens d’acte de «terrorisme». L’Arménie dénonce une «agression à grande échelle».

Une région, plusieurs influences et plusieurs guerres

Bien que disposant de ses propres institutions et gouvernement, le Haut-Karabakh est soutenu politiquement, économiquement et militairement par l’Arménie. Cette enclave terrestre est essentiellement peuplée d’Arméniens de confession chrétienne, selon les données officielles, et compte environ 120 000 habitants répartis sur un territoire en majorité montagneux. Environ le tiers de la population vit à Stepanakert, la capitale.

Considéré comme une région centrale de son histoire par l’Arménie, le «Nagorny Karabakh» – qui signifie Karabakh montagneux ou haut Karabakh en russe – a changé de mains plusieurs fois au cours des siècles. D’abord intégrée au royaume arménien dans l’Antiquité, cette région passe sous influence arabe au Moyen Age, avant qu’une révolte ne la fasse revenir dans le giron de l’Arménie. Après une période d’influence perse, la zone est finalement incorporée à l’Empire russe en 1813.

Puis, c’est à partir de 1917 que l’Arménie et l’Azerbaïdjan commencent à se disputer le territoire. Bien que peuplé en majorité par des Arméniens, le Haut-Karabakh est rattaché à la république soviétique d’Azerbaïdjan en 1921 par Staline. Il bénéficie toutefois d’un statut d’autonomie à partir de 1923. Un statut qui restera inchangé jusqu’aux dernières années de l’Union soviétique.

Lors de la dislocation de l’URSS en 1991, le Haut-Karabakh organise un référendum – boycotté par la communauté azerbaïdjanaise – et proclame son indépendance vis-à-vis de Bakou, avec le soutien d’Erevan. Toutefois, cette indépendance n’a été reconnue par aucun Etat membre de l’ONU. Avec le départ de l’armée soviétique de la région, une escalade de violences interethniques mène ensuite à une guerre ouverte. Plus de 30 000 personnes y trouvent la mort. Un cessez-le-feu sera négocié par Moscou le 17 mai 1994.

Revanche de l’Azerbaïdjan

Un nouveau conflit éclate à l’automne 2020, faisant 6 500 morts en six semaines. Un accord de cessez-le-feu, négocié cette fois encore par la Russie, prévoit que l’Arménie rende à l’Azerbaïdjan la plupart des territoires conquis pendant la guerre de 1991-1994. Une écrasante défaite pour Erevan. En dépit de la présence de forces d’interposition russes, des incidents armés entre forces arméniennes et azerbaïdjanaises se sont régulièrement produits depuis ce cessez-le-feu, les deux belligérants s’en rejetant la responsabilité.

Les tensions entre Bakou et Erevan reprennent fin 2022, lorsque l’Azerbaïdjan installe des points de contrôle et bloque la circulation dans le corridor de Latchine, la seule route reliant le «Nagorny Karabakh» à l’Arménie. Ce blocus entraîne de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans l’enclave.

En juillet, la diplomatie arménienne appelle à redoubler «les efforts internationaux» pour mettre fin au blocus du Haut-Karabakh et rouvrir le corridor, réitérant ses craintes d’un «nettoyage ethnique» de la région. Malgré les médiations séparées de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie, Erevan et Bakou échouent à s’entendre sur un traité de paix.