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Libération
L'union fait la force

Réchauffement climatique : vers la création d’une «Europe des sapeurs-pompiers» face aux évènements extrêmes

Les pompiers de 18 pays européens se sont réunis ce mardi 9 avril à Paris pour affiner leurs collaborations et créer une représentation permanente à Bruxelles.
Des véhicules des sapeurs pompiers dans une caserne. (Adrien Nowak/Hans Lucas. AFP)
publié le 10 avril 2024 à 12h02

Inondations, tornades, mégafeux... Face aux conséquences du réchauffement climatique, les sapeurs-pompiers européens veulent s’organiser. Les représentants de 18 pays de l’Union européenne étaient réunis ce mardi 9 avril à Paris pour resserrer leurs liens et leur coopération, notamment en se dotant d’une représentation permanente à Bruxelles. Il s’agit donc de «créer l’Europe des sapeurs-pompiers», résume auprès de l’AFP Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), co-organisateur de l’évènement avec ses collègues allemands. L’enjeu est de taille, puisque les mégafeux, tels que ceux que la Grèce et la France ont déjà connus l’été dernier, demandent une réponse à laquelle «nous ne sommes pas encore prêts», prévient Jean-Marc Bedogni, directeur général de l’Entente pour la protection de la forêt méditerranéenne.

«La problématique de ce dérèglement climatique, c’est la répétition des événements d’ampleur, qui nous oblige à mettre beaucoup plus de personnel sur le terrain et travailler tous ensemble», dit-il. Les feux de forêts par exemple, dans une UE où 900 000 hectares de terres ont brûlé en 2022, «ne sont plus réservés aux pays du sud de l’Europe, comme la France, l’Italie, la Grèce. Avec le dérèglement climatique, l’ensemble de l’Europe va être touché. Donc on doit anticiper.» L’idée est donc de permettre le transfert de compétence mais aussi de faciliter l’entraide.

Karl-Heinz Banse, président de l’association allemande des sapeurs-pompiers, déplore, dans son pays, «des feux d’une intensité qu’on ne connaissait que dans le bassin méditerranéen». Des catastrophes qui s’ajoutent aux grandes inondations dues aux débordements du Rhin ou du Danube. Les pays traversés par ces fleuves «risquent d’être dépassés avec leurs seuls moyens» prévient-il.

Et il y a urgence à mutualiser cerveaux, bras et machines, estime Emilio Duch Ramos, son homologue espagnol aux Canaries : «Le changement climatique a changé la magnitude, l’intensité, la fréquence, l’impact des feux» de forêts et de végétations, énumère-t-il. A l’avenir, les sapeurs-pompiers italiens, français ou encore grecs doivent être en mesure de s’intégrer rapidement aux opérations d’urgence de leurs voisins, voire de les coordonner, juge le responsable espagnol.

«Acculturer l’ensemble des pays à cette technique française»

Pour l’heure, même si l’entraide européenne se généralise, l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous, reprend le lieutenant-colonel Bosland : lors des feux en Gironde, en 2022, il y avait chez les renforts «une méconnaissance de l’organisation et de certaines techniques», concède-t-il. «En France, on a de l’expérience sur les feux de forêts. On attaque les feux naissants avec des troupes au sol alliées à des moyens aériens, pour bloquer le feu avant qu’il n’atteigne quatre hectares. L’idée c’est d’acculturer l’ensemble des pays à cette technique française, et prendre d’autres techniques dans d’autres pays, par exemple sur les inondations», poursuit le patron de la FNSPF.

S’adapter au changement climatique passera aussi par «apprendre à lutter avec moins d’eau» et tirer profit de la technologie, par exemple en utilisant des drones dédiés à la surveillance des massifs forestiers, anticipe pour sa part le sapeur-pompier Jean-Marc Bedogni, directeur général de l’Entente pour la protection de la forêt méditerranéenne. «Il faut considérer l’action contre les feux d’espaces naturels comme une priorité écologique», a-t-il réclamé, rappelant les projections des experts du Giec : d’ici 2050, des surfaces ravagées en augmentation de 80 %.