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«Camargue espagnole»

Récoltes de fruits : à Doñana, en Espagne, des sans-papiers «corvéables à merci»

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Au cœur du parc de Doñana, des milliers de clandestins exploités dans des cultures qui contribuent à l’assèchement de la réserve naturelle vivent dans des conditions déplorables.
Des travailleurs immigrés à Moguer, en Andalousie, en avril. (Mathilde Mazars/Libération)
publié aujourd'hui à 8h03

Dans sa vieille Citroën qui parcourt tous les chemins de traverse de Doñana, Juan Dans sa vieille Citroën qui parcourt tous les chemins de traverse de Doñana, Juan Romero désigne un sentier, définitivement scellé par des couches de terre. Non loin, trois hectares couverts de ces structures métalliques qui permettaient de couvrir les ­cultures de fraises avec des bâches de plastique, et qui sont désormais en friche. «C’est bon signe : peu à peu, cela devient une réalité. Il faut juste espérer que tous les exploitants des terres illégales jouent le jeu et cessent ainsi de siphonner les eaux souterraines, s’exclame ce retraité très actif, représentant régional de l’organisation Ecologistes en action depuis deux décennies. Or cet aquifère, c’est l’élément sur lequel tout repose, la santé du parc et de ses marais, la prospérité des agriculteurs, la vie même des 14 municipalités alentour.»

«Un virus»

Non loin de là, Juan Romero montre de façon tangible que la croissance des cultures de fruits rouges ces dernières décennies est un problème plus global. «Ces 1 600 hectares sont le fait d’entrepreneurs qui se sont installés sur des terres publiques, y ont développé les cultures, et comme cela créait de l’emploi et augmentait les recettes des communes, tout le monde a fermé les yeux, la région au premier chef, dénonce-t-il. Conclusion : c’est un virus, une purulence qui épuise les nappes phréatiques, contamine davantage le sous-sol de nitrates et d’herbicides. Quant à l’a