«Les jours passent et l’attente se poursuit. Temps perdu, vie gâchée…» constate le commentaire qui accompagne une photo de route poussiéreuse longeant des préfabriqués. Postée en ce début septembre sur un compte Instagram, ce n’est qu’une image parmi toutes celles prises par de jeunes réfugiés, pour la plupart afghans, et qui donnent à voir un monde invisible : la vie quotidienne dans un camp semi-fermé – on n’en sort qu’avec une autorisation, délivrée au compte-goutte –, situé sur l’île grecque de Lesbos.
En l’espace d’un an, le compte qui abrite ces photos et vidéos a réussi à réunir 37 000 followers et à susciter de nombreuses initiatives : une trentaine d’expos à travers l’Europe, mais aussi des affiches réalisées par plus de 400 designers bénévoles. Un élan de solidarité qui tranche avec les discours frileux sur la «menace migratoire», et recadre singulièrement les déclarations sur l’accueil des réfugiés afghans qui fuient le régime des talibans. Car ce compte Instagram baptisé «Now you see me, Moria» («Maintenant tu me vois, Moria») révèle le sort réservé à ceux qui ont déjà pu fuir ce pays depuis longtemps en guerre. Et se retrouvent cantonnés sur les îles grecques comme Lesbos, pendant des mois et parfois des années, dans l’attente d’interminables procédures d’asile.
Un système mis en place à la suite de la déferlante migratoire de 2015, lorsqu’un million de réfugiés avaient accosté sur les rivages des îles grecques face à la Turquie. Pour freiner leurs m