La crise semble loin d’être finie entre les pays rivaux du Caucase. L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont accusés mutuellement ce mardi 13 février d’avoir procédé à des tirs à leur frontière commune, deux mois après avoir promis «des mesures concrètes» pour normaliser leurs relations. Des affrontements qui «ont fait quatre morts au combat et un blessé du côté arménien», annonce le ministère arménien de la Défense.
Ce mardi matin, «des unités des forces armées azerbaïdjanaises ont ouvert le feu (...) sur les positions arméniennes à proximité de Nerkin Hand», un village dans la région montagneuse de Syunik (au sud du pays), frontalière à la fois de l’Azerbaïdjan et de l’enclave azerbaïdjanaise de Nakhitchevan, précise le ministère.
Reportage
De son côté, le service azerbaïdjanais des garde-frontières évoque une «opération de vengeance», affirmant que cette attaque était une réponse à une «provocation» commise la veille par des forces arméniennes, et qui aurait blessé un soldat azerbaïdjanais. Lundi soir, les troupes d’Erevan ont tiré à deux reprises «en direction du village de Kokhanabi, dans la région de Tovouz» (dans le nord-ouest de l’Azerbaïdjan), à en croire un communiqué du ministère azerbaïdjanais de la Défense.
Ambitions territoriales
En réponse à l’opération de ce mardi, «le poste militaire d’où provenaient ces tirs (...) a été entièrement détruit», rétorque le Service azerbaïdjanais des garde-frontières, qui promet une «riposte encore plus sévère et résolue» à «chaque provocation» à la frontière entre les deux pays. Pour sa part, le ministère arménien de la Défense a rejeté ces accusations en affirmant qu’elles «ne correspondent pas à la réalité».
Cet incident intervient quelques jours seulement avant la réélection – sans suspense – d’Ilham Aliev à la tête de l’Azerbaïdjan. L’homme fort de Bakou, au pouvoir depuis 2003, surfe sur sa victoire militaire contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh fin septembre, qui a mis fin à trois décennies de sécessionnisme marquées par deux guerres.
En septembre 2023, l’armée azerbaïdjanaise a pris entièrement le contrôle de cette enclave montagneuse du Caucase, dirigée par des séparatistes arméniens depuis des décennies, poussant à la fuite des dizaines de milliers d’habitants. Ilham Aliev – qui jouit d’une forte popularité depuis l’opération éclair – est cependant suspecté d’avoir d’autres ambitions territoriales. Et notamment le contrôle de la région arménienne de Syunik, qui sépare l’Azerbaïdjan de son enclave du Nakhitchevan. Fin octobre, le pays pétrolier, qui continue de nier toute volonté d’expansion territoriale, avait déjà mené des exercices militaires conjoints avec la Turquie dans l’enclave, frontalière de l’Arménie et de l’Iran.
Malgré les nombreuses sources de tensions, les deux pays avaient fait un pas vers un accord de paix début décembre, promettant des «mesures concrètes» pour apaiser leurs relations. Fin janvier, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait même déclaré avoir proposé à son rival de signer «un pacte de non-agression», dans l’attente d’un traité de paix global. Sans succès, pour l’instant.