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Récit

Renault quitte la Russie: le difficile renoncement à une juteuse coopération

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Le constructeur automobile a vendu lundi ses actifs en Russie à l’Etat russe. S’il se garde l’option de racheter pendant six ans ses parts dans Avtovaz, fabricant des Lada, sa collaboration économique avec le pays semble définitivement terminée.
Lundi, le groupe Renault, implanté depuis presque vingt-cinq ans sur le marché russe, notamment à Moscou, a tiré un trait sur ces actifs dans le pays. (Geodakyan ArtyomAvtoFraMo/Geodakyan Artyom/Tass/ABACA)
par Léo Vidal-Giraud, à Moscou
publié le 21 mai 2022 à 9h23

Le parking géant où s’entassent les voitures devant l’usine Avtovaz est pratiquement vide. Le spectacle est rare pour cette usine géante de plus de 600 hectares, fondée en 1966. Le berceau de la marque Lada employa à son apogée, dans les années 70, près de la moitié de la population de la ville voisine de Togliatti, à 300 kilomètres au nord de la frontière kazakhstanaise, et est capable aujourd’hui de produire jusqu’à un million de véhicules par an. Même désert, à des milliers de kilomètres plus loin, dans une banlieue industrielle de Moscou, à l’usine Avtoframos. Ici aussi, le silence est de mise. Arrivé en grande pompe sur le marché russe en 1998, Renault s’en va, vingt-quatre ans plus tard, cédant ses parts dans les deux usines à l’Etat russe, pour un rouble symbolique pièce.

«Ils ont tout tenté pour essayer de rester, raconte une source très bien renseignée dans les milieux d’affaires franco-russes. Mais la décision a été forcée par Bercy. Il faut remercier Bruno Le Maire d’avoir tout fait pour que Renault parte.» Impossible de rester en Russie pour une entreprise dont l’Etat français est actionnaire, depuis le déclenchement le 24 février de l’invasion russe en Ukraine, et l’imposition de sanctions économiques occidentales massives contre le régime de Vladimir Poutine. Mais le départ se fait à co