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Enquête

Répression politique en Russie : des femmes emprisonnées pour des vers de poésie et des messages sur les réseaux sociaux

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Victimes elles aussi de la répression impitoyable des autorités russes, les femmes représentent environ 20% des prisonniers politiques incarcérés depuis le début de l’invasion en Ukraine pour avoir exprimé une opinion critique.
La journaliste Antonina Kravtsova risque six ans de prison. A Moscou le 29 mars. (Sofya Sandurskaya/Tass. ABACA)
par Vera Friedland
publié le 29 octobre 2024 à 6h22

Une belle jeune femme aux longs cheveux lâchés se tient dans la cage de verre d’un tribunal de district de Moscou. Elle fait un cœur avec ses doigts. La journaliste Antonina Kravtsova – qui travaillait sous le nom d’Antonina Favorskaïa – est jugée pour avoir participé aux activités de FBK, la fondation anticorruption d’Alexeï Navalny, déclarée extrémiste en Russie. Jusqu’au 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine, elle était actrice mais a décidé de quitter les planches, en recherche de «moyens de sauver son âme, quand tout brûle à l’intérieur». Kravtsova, 34 ans, a couvert tous les procès d’Alexeï Navalny – c’est elle qui a filmé la dernière vidéo de lui au tribunal, le 15 février 2024 –, elle s’est rendue à Kharp, dans l’Arctique, avec la mère de l’opposant, après sa mort, pour récupérer la dépouille. Elle risque maintenant six ans de prison.

L’étudiante en médecine Daria Kozyreva, 18 ans, est jugée par un tribunal de Saint-Pétersbourg, accusée d’avoir «discrédité» l’armée. Son crime : le jour du deuxième anniversaire du début de la guerre, elle a collé une feuille comportant des vers de Taras Chevtchenko sur le monument du poète ukrainien. Dans un rapport d’