Les instituts de sondage ne s’y étaient pas trompés. Samedi 4 octobre, le milliardaire autoproclamé «trumpiste» Andrej Babis est sorti largement en tête des élections législatives en République tchèque selon les résultats quasi définitifs.
Le parti populiste et conservateur ANO de l’ancien Premier ministre tchèque rafle 35,4% des voix, selon des résultats portant sur plus de 95% des bulletins dépouillés. Il devance la coalition sortante du Premier ministre Petr Fiala qui récoltait 22,7% des suffrages à l’issue d’une première estimation. La participation n’est pas encore connue. Elle avait été de 65,43 % en 2021.
A 71 ans, le milliardaire né en Slovaquie ambitionne de reprendre les rênes du pays qu’il a dirigé entre 2017 et 2021, sans toutefois avoir l’assurance de pouvoir trouver une majorité. Le retour de Andrej Babis au pouvoir pourrait signifier un rapprochement de la République tchèque des positions de la Hongrie et la Slovaquie, qui ont refusé l’aide militaire à l’Ukraine et s’opposent aux sanctions contre la Russie.
Scandale
Andrej Babis a notamment promis durant sa campagne d’augmenter les prestations sociales et de réduire l’aide à l’Ukraine. Jusqu’ici, le pays de 10,9 millions d’habitants avait soutenu sans ambiguïté Kyiv face à l’invasion russe. Il a aussi accueilli plus de 500 000 réfugiés ukrainiens, dont 300 000 y vivent toujours.
Mais de nombreux électeurs de ce pays d’Europe centrale, membre de l’UE et de l’Otan, reprochent au gouvernement sortant de centre-droit de Petr Fiala de négliger sa propre population.
Andrej Babis n’est toutefois pas assuré d’une majorité. Parmi ses alliés figurent le mouvement d’extrême droite SPD, qui obtiendrait 8% des voix, ainsi qu’une autre liste d’extrême droite appelée la «Voix des automobilistes», qui va faire son entrée au Parlement.
«Faussement neutre»
Ses adversaires reprochent à Andrej Babis de confondre les intérêts de la République tchèque avec ceux de son groupe chimique et alimentaire. Septième fortune du pays selon Forbes avec 3,9 milliards de dollars, cet homme d’affaires aussi bien industriel que magnat des médias doit être jugé pour fraude aux subventions européennes.
Décryptage
Le président de la République Petr Pavel, ancien chef des forces de l’Otan et pro-européen, a laissé entendre qu’il pourrait avoir du mal à nommer Premier ministre Andrej Babis, cofondateur avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban du groupe parlementaire eurosceptique «Patriotes pour l’Europe».
La campagne a suscité l’intérêt de réseaux prorusses. Le Centre tchèque de recherche sur les risques en ligne a signalé une activité accrue sur TikTok, avec des contenus favorables aux partis antisystème. Il rencontrera les têtes de liste dès dimanche, avait-il annoncé avant même la publication des résultats.