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Libération
Extrêmes droites

Matteo Salvini, Jordan Bardella et Geert Wilders se réuniront à Florence pour lancer leur «nouvelle Europe»

Lors d’un rassemblement prévu le 3 décembre dans la ville toscane, 2 000 personnes et des leaders de partis anti-immigration du Vieux Continent doivent lancer leur campagne européenne. Un rassemblement qui met en lumière les divisions de la coalition au pouvoir en Italie.
Matteo Salvini à Rome le 22 novembre. (Remo Casilli/REUTERS)
publié le 27 novembre 2023 à 7h32

Après la victoire de l’extrême droite aux Pays-Bas, Matteo Salvini a été l’un des premiers à envoyer un message à son «ami Geert Wilders». «Au lieu d’un désordre avec les socialistes, une nouvelle Europe naîtra à Florence le 3 décembre», a claironné le vice-président du Conseil italien, membre du parti d’extrême droite la Lega. Cette date est celle du grand raout qu’il a prévu en Toscane, un rassemblement auquel 2 000 personnes sont attendues, notamment Jordan Bardella. Marine Le Pen était initialement annoncée par la presse transalpine, mais ce sera bien le président du Rassemblement national qui se rendra à Florence.

L’événement doit lancer la campagne pour les élections européennes de la coalition des partis d’extrême droite du Vieux Continent, Identité et Démocratie. Des représentants des formations politiques autrichiennes, allemandes et portugaises de cette partie de l’échiquier politique sont également attendus. Pour les députés toscans de la Lega, «le rassemblement du 3 décembre est un événement international qui, de Florence, parlera à toute l’Italie d’un projet politique pour l’Europe remettant au centre nos valeurs, notre identité et nos citoyens».

Une unité des partis anti-immigration et nationalistes que ne partage pas l’allié de la Lega, Forza Italia. Le parti fondé par Silvio Berlusconi, qui fait partie du Parti populaire européen, appelle au rapprochement avec les droites «classiques» européennes comme le Partido popular espagnol. Et le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, de Forza Italia, de préciser : «Geert Wilders, Marine Le Pen et Alternative fur Deutschland (AfD) ne sont pas nos interlocuteurs.» «Tajani préfère-t-il vraiment se tenir bras dessus bras dessous avec les socialistes et Macron plutôt que dans une Europe enfin nouvelle et différente, dirigée par un centro destra [ce «centre droit» rassemble en réalité en Italie des partis allant jusqu’à l’extrême droite, ndlr] uni ?» s’interrogent Marco Zanni et Marco Campomenosi, eurodéputés de la Lega.

«Nous ne voulons pas d’eux en ville»

Le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, qui dirige le pays avec la Lega et Forza Italia, ne participera pas non plus au rassemblement florentin. La formation rappelle dans la Repubblica que «l’initiative de Florence est une initiative d’Identité et Démocratie, un groupe différent du nôtre». Eux font partie avec le PiS polonais de la coalition ECR, à qui la question d’un rapprochement avec le PPE de Ursula von der Leyen se pose régulièrement. «Bien qu’il s’agisse de forces différentes, elles votent déjà souvent ensemble au Parlement européen», confirmait en mai Antonio Tajani à Euractiv. En septembre, Meloni avait d’ailleurs accompagné la présidente de la Commission européenne à Lampedusa, au moment où Le Pen était accueillie à bras ouverts par Salvini lors du rassemblement annuel de la Lega, à Pontida, près de Bergame. Et plutôt que de discuter avec Wilders ou le RN le 3 décembre à Florence, Meloni ira à Rome, où elle devrait accueillir mi-décembre le Premier ministre conservateur britannique, Rishi Sunak, lors de l’Atreju, une fête de la jeunesse de droite italienne, organisée par Fratelli d’Italia.

Au-delà des divisions dans la coalition de droite et d’extrême droite italienne, les forces politiques du centre gauche à la gauche radicale ne veulent pas du rassemblement du 3 décembre. Le Parti démocrate, qui dirige Florence, a appelé à une mobilisation la veille. «Florence ne sera pas le “chantier noir” de Salvini et de Marine Le Pen», a fustigé la conseillère municipale démocrate Sara Funaro. Les antifascistes de la ville toscane se préparent de leur côté depuis plusieurs jours contre la tenue de cet événement de la Lega et la venue de Jordan Bardella et Geert Wilders. Avec un mot d’ordre à la contre-manifestation prévue : «Nous ne voulons pas d’eux en ville.»

Mis à jour : à 12h55 avec la précision que c’est Jordan Bardella et non Marine Le Pen qui est prévu à Florence.