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Ukraine

Risque de «pulvérisation de substances radioactives» à la centrale de Zaporijia selon l’opérateur

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
L’Ukraine a rebranché la centrale de Zaporijia à son réseau électrique mais craint des fuites. Kyiv et Moscou s’accusent mutuellement de procéder à des bombardements à proximité du complexe nucléaire.
La centrale nucléaire de Zaporijia, le 7 août dernier. (RUSSIAN EMERGENCIES MINISTRY HANDOUT/EPA/MAXPPP)
publié le 27 août 2022 à 15h35
(mis à jour le 27 août 2022 à 15h36)

Il existe un risque de «pulvérisation de substances radioactives» à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupée par les troupes russes, avertit samedi l’opérateur public ukrainien. Selon Energoatom, les troupes russes ont bombardé le site «à plusieurs reprises au cours de la dernière journée. […] Conséquence des bombardements périodiques, l’infrastructure de la centrale a été endommagée et il existe des risques de fuite d’hydrogène et de pulvérisation de substances radioactives», poursuit la compagnie ukrainienne de production d’énergie nucléaire sur Telegram, ajoutant qu’il existe «un risque d’incendie élevé».

Selon l’opérateur, depuis samedi midi, la centrale «fonctionne avec le risque de violer les normes de sécurité en matière de radiations et d’incendie». La Russie, de son côté, accuse également l’Ukraine de bombardements sur Zaporijia au cours des dernières 24 heures.

Bombardements et inquiétudes

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense assure que l’artillerie ukrainienne a tiré 17 obus sur l’enceinte de la centrale, la plus grande d’Europe. «Quatre (obus) sont tombés sur le toit du bâtiment spécial N°1, où se trouvent 168 assemblages de combustible nucléaire américain de la firme WestingHouse», précise-t-il, ajoutant que les obus restants se sont écrasés à 30 mètres d’un dépôt de combustible usagé et près d’un autre contenant du «combustible frais». Selon l’armée russe, l’armée ukrainienne procède à ces tirs depuis les alentours de la ville de Marhanet, qui fait face à la centrale, sur la rive opposée du fleuve Dniepr toujours contrôlée par Kyiv.

La centrale de Zaporijia, où sont situés six des 15 réacteurs ukrainiens, a été prise par les troupes russes début mars, peu après le lancement de l’invasion le 24 février, et se trouve près de la ligne de front dans le Sud. Ces dernières semaines, le complexe nucléaire cristallise les inquiétudes des Occidentaux. L’ONU a appelé à cesser toute activité militaire aux alentours tandis que face à un «risque très réel de catastrophe nucléaire», l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) réclame d’y avoir accès.

Branchée, débranchée

Entre jeudi et vendredi, la centrale a été «totalement déconnectée» du réseau national. Puis, Energoatom a annoncé qu’«un des réacteurs arrêtés la veille» avait été «reconnecté au réseau électrique» vendredi après-midi. Il «produit de l’électricité pour les besoins de l’Ukraine» et «l’augmentation de (sa) puissance est en cours», a précisé la compagnie. Volodymyr Zelensky a déclaré que la coupure de courant avait été provoquée par le bombardement russe de la dernière ligne électrique active reliant la centrale au réseau. La centrale a été remise en service vendredi après-midi, mais le président ukrainien a prévenu que «le pire scénario… est constamment provoqué par les forces russes».

Jugeant la situation «dangereuse», le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pressé lui aussi l’AIEA vendredi d’envoyer au plus vite une mission sur place, déplorant que les troupes russes «poussent en permanence vers un scénario du pire». Des experts de l’AIEA y sont attendus «la semaine prochaine», selon la conseillère du ministre ukrainien de l’Énergie Lana Zerkal, qui a reproché aux Russes d’«artificiellement créer des obstacles» à cette mission, ce que Moscou nie.