A l’annonce du verdict, Roberto Saviano n’a pu retenir son émotion. Ces larmes étaient celles d’une victoire en justice contre Francesco Bidognetti, ancien chef de la Camorra napolitaine. Ce lundi 14 juillet, la Cour d’appel de Rome a ainsi confirmé la condamnation à un an et six mois de prison du parrain du clan des Casalesi pour menaces.
Après le verdict, l’écrivain de 45 ans; connu pour son engagement opiniâtre contre la mafia, a déclaré aux journalistes que les mafieux de la Camorra lui avaient «volé sa vie». Sur les réseaux sociaux, il a également salué cette décision : «Il ne s’agit pas de moi, mais de tous ceux qui fournissent des informations honnêtes dans des domaines où le crime organisé dicte encore ses règles.»
Confermate in appello le condanne al capo del clan dei Casalesi Francesco Bidognetti e all'avvocato Michele Santonastaso per le minacce rivolte 17 anni fa a Rosaria Capacchione e Roberto Saviano. Alla lettura della sentenza lo scrittore è scoppiato in lacrime pic.twitter.com/pHBRQ2WIBL
— Tg3 (@Tg3web) July 14, 2025
En 2008, lors du procès «Spartacus» à Naples, l’avocat du dangereux mafieux avait récité au tribunal en, au nom de son client, un message «invitatant» Saviano et une autre journaliste, Rosaria Capacchione, à «faire [leur] travail correctement», interprétée comme une allusion à cesser d’écrire sur la mafia napolitaine.
Ce procès, qui s’était conclu par des centaines d’années de prison pour les chefs du clan Casalesi, avait été l’une des opérations judiciaires les plus importantes contre la Camorra. L’avocat du parrain puissant de la mafia, lui aussi mis en cause pour le même délit, a été condamné à un an et deux mois de prison pour «intimidation». Ces deux décisions sont similaires à celles déjà prononcées en première instance en 2021.
«Un avertissement à ceux qui cherchent à museler l’information»
Depuis 2006 et la parution de son livre Gomorra, dans lequel est dépeinte la mafia napolitaine de la Camorra, Roberto Saviano vit sous escorte policière 24 heures sur 24. L’énorme succès du livre, ensuite repris en livre et en série, a fait de Saviano une personnalité publique, mais aussi un ennemi pour le clan impitoyable de la Camorra de Bidognetti, les Casalesi.
De son côté, l’avocat de la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI), organisation qui s’était constituée partie civile, a salué un «jugement [qui] n’est pas seulement une condamnation, mais une reconnaissance importante de la valeur constitutionnelle du journalisme et un avertissement à ceux qui cherchent à museler l’information».