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Balle neuve

Roumanie : l’élection présidentielle annulée par la Cour constitutionnelle, le candidat prorusse demande à

Alors que le second tour devait se dérouler dimanche, la Cour constitutionnelle a décidé ce vendredi 6 décembre d’annuler l’élection présidentielle en Roumanie, dont le premier tour contesté avait eu lieu le 24 novembre.
Des manifestants pro-UE à Bucarest, le 5 décembre 2024. (Daniel Mihailescu/AFP)
publié le 6 décembre 2024 à 14h24
(mis à jour le 6 décembre 2024 à 17h49)

A deux jours du second tour, la Cour constitutionnelle de Roumanie a annoncé ce vendredi 6 décembre «annuler la totalité du processus pour élire le président roumain» afin de «s’assurer de la validité et de la légalité» du scrutin, sur fond de suspicion d’ingérence russe, plongeant ce pays d’Europe orientale sous le choc. La plus haute juridiction roumaine demande que «l’intégralité du processus électoral» recommence.

Au premier tour, le candidat d’extrême droite Calin Georgescu était arrivé en tête, à la surprise générale. Le second tour était censé avoir lieu ce dimanche 8 décembre. «Le gouvernement fixera une nouvelle date» ultérieurement, a précisé la Cour, qui avait pourtant validé les résultats plus tôt dans la semaine après un recomptage des voix du premier tour qui avait conclu à l’absence de fraudes. Mais entretemps les autorités ont déclassifié des documents des services de renseignements étayant les accusations sur le rôle «massif» de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur.

85 000 cyberattaques

En effet, les services secrets ont recensé «25 000 comptes TikTok» directement associés à la campagne du candidat nationaliste et devenus «extrêmement actifs deux semaines avant la date du scrutin», selon ces documents. La Roumanie a par ailleurs détecté plus de 85 000 cyberattaques, «y compris le jour de l’élection», lancées depuis une trentaine de pays et «exploitant les vulnérabilités des systèmes informatiques électoraux» pour déstabiliser le processus. Deux enquêtes ont été ouvertes sur des faits de délits électoraux et blanchiment d’argent, notamment par le parquet anti-corruption.

Sorti de nulle part après une campagne virale sur TikTok, Calin Georgescu devait affronter la centriste pro-européenne Elena Lasconi, autoproclamée elle aussi «antisystème» et qui remontait dans les sondages, engrangeant les ralliements. Elle a «condamné fermement» la «décision illégale» d’un «Etat roumain bafouant la démocratie» et «conduisant le pays à l’anarchie», estimant dans une vidéo que «le vote aurait dû avoir lieu».

Le chef du principal parti d’extrême droite AUR, George Simion, a dénoncé une décision «motivée politiquement», «annulant la volonté du peuple roumain» tout en appelant ses partisans au calme, car «le système doit tomber démocratiquement». A l’inverse, le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolanu, grand perdant du premier tour, a salué sur Facebook la «seule bonne solution après la déclassification» mercredi de documents montrant un résultat «faussé par l’intervention de la Russie».