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Cour(onne) de récré

Royaume-Uni : déchu et obligé à déménager, Andrew pourrait recevoir une compensation financière à six chiffres

Le déménagement d’Andrew ne devrait pas avoir lieu avant Noël. Pour écarter toute polémique, le palais a précisé que le prince déchu vivrait aux frais du roi.

Andrew, déchu de son titre de prince, le 25 décembre 2023. (Adrian Dennis/AFP)
Publié le 01/11/2025 à 17h18

Déménagement, rente annuelle, pression médiatique… Après la décision du roi Charles III de retirer ses titres à son frère, l’ex-prince Andrew, 65 ans, il est désormais temps pour la famille royale de trouver des solutions afin d’écarter toute polémique supplémentaire. Selon The Guardian dans un article publié vendredi 31 octobre au soir, les plans sont en train d’être finalisés et impliquent des sommes allant pour certaines jusqu’à six chiffres.

En effet, suite aux révélations concernant les liens d’Andrew avec le pédocriminel américain Jeffrey Epstein, il a été annoncé qu’il était déchu de son titre de prince par la famille royale jeudi 30 octobre. Dans la foulée, le palais de Buckingham en a également profité pour faire savoir que le fils cadet d’Elizabeth II allait donc devoir quitter son manoir royal de 30 pièces à Windsor. Son déménagement ne devrait pas avoir lieu avant Noël, selon des médias britanniques. Pour des raisons logistiques, mais aussi pour éviter qu’il ne soit présent au moment des fêtes à Sandringham, où se réunit habituellement la famille royale à cette période.

Il ira habiter à Sandringham, vaste domaine privé du souverain, qui abrite de nombreuses propriétés, sans que l’on sache laquelle l’accueillera. «Il a été envoyé […] dans l’équivalent royal de la Sibérie», a résumé le biographe royal Robert Hardman sur la BBC. Pour écarter toute polémique, le palais a précisé qu’Andrew vivrait aux frais du roi et non du contribuable.

Selon The Guardian, Andrew pourrait tout de même percevoir une compensation financière «à six chiffres» pour son départ de Royal Lodge, conformément au contrat de bail qu’il a conclu en 2003 avec le Crown Estate, qui gère les actifs de la Couronne britannique. Ainsi qu’une allocation annuelle versée par Charles pour couvrir ses dépenses quotidiennes. En tant qu’ancien officier de marine, Andrew touche déjà une pension de 20 000 livres par an, et possède également un important patrimoine financier. Mais Charles lui avait retiré l’an dernier l’allocation annuelle d’un million de livres qu’il lui versait.

Des sommes colossales sont donc en jeu, alors que le prince déchu est au cœur d’un immense scandale suite à la publication par le Guardian d’extraits des mémoires posthumes de Virginia Giuffre, qui accuse le financier américain Jeffrey Epstein de l’avoir utilisée comme «esclave sexuelle» dans les années 2000. Dans Nobody’s Girl, à paraître le 21 octobre, celle qui s’est suicidée en avril à 41 ans raconte les relations qu’elle dit avoir eues avec le prince Andrew alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle avait engagé des poursuites en 2021 contre ce dernier.

Enquête en cours

Andrew a toujours rejeté les accusations de Virginia Giuffre, une des victimes présumées d’Epstein, qui affirme avoir eu des relations sexuelles avec l’ex-prince, dont deux fois lorsqu’elle avait 17 ans, alors qu’elle était sous la coupe du financier américain.

En 2022, il avait conclu un accord financier avec elle pour mettre fin à des poursuites aux Etats-Unis. Mais une commission du congrès américain enquête toujours sur l’affaire, et plusieurs de ses membres ont appelé Andrew à témoigner. «Il devrait prendre la bonne décision pour les victimes, qui est de témoigner auprès des autorités aux Etats-Unis», a estimé Gloria Allred, avocate de plusieurs victimes présumées d’Epstein, vendredi sur Sky News.

Au Royaume-Uni, la police, qui a clos une précédente procédure en 2021, enquête désormais sur une information de presse selon laquelle Andrew aurait demandé au policier chargé de sa protection de chercher des informations sur Virginia Giuffre pour la discréditer.

Manque de transparence

Critiquée pour sa lenteur à agir contre Andrew, la famille royale ressort affaiblie du scandale, qui a relancé le débat autour du contrôle du Parlement sur la Couronne. La députée travailliste Rachael Maskell a ainsi déposé une proposition de loi visant à faciliter le retrait des titres de noblesse à ceux qui en sont détenteurs.

La commission des comptes publics du Parlement a quant à elle écrit au Crown Estate et au Trésor pour obtenir plus d’informations sur le contrat de bail accordé à l’ex-prince, qui prévoit qu’il ne versait pas de loyer pour occuper Royal Lodge après un paiement initial conséquent.

Cette affaire «est une opportunité pour la famille royale d’être un peu plus transparente sur son fonctionnement, en particulier sur ses finances», estime l’historien Andrew Lownie, même s’il juge qu’«en tentant de rejeter toute responsabilité sur Andrew […], ils essayent d’éviter tout examen réel visant le reste de la famille».