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Violences

Royaume-Uni : des hôtels accueillant des migrants attaqués lors d’un quatrième jour d’émeutes xénophobes

Deux hôtels hébergeant des demandeurs d’asile à Tamworth et Rotherham ont été pris pour cible, dimanche 4 août. Le Premier ministre Keir Starmer a une nouvelle fois pris la parole pour tenter de mettre fin à des émeutes d’une violence inédite depuis dix ans.
La police anti-émeute fait face à des manifestants à Bristol, dans le sud de l'Angleterre, samedi. (Justin Tallis/AFP)
publié le 5 août 2024 à 7h58

Deux hôtels hébergeant des demandeurs d’asile ont été pris pour cible, dimanche 4 août au Royaume-Uni, où le Premier ministre Keir Starmer a haussé encore un peu plus le ton pour tenter de mettre fin à des émeutes d’une violence inédite depuis dix ans et la mort du jeune Mark Duggan. «Je vous garantis que vous regretterez d’avoir participé à ces désordres», que ce soit directement ou indirectement, «en ayant provoqué ces actions en ligne», a affirmé le chef du gouvernement travailliste arrivé il y a tout juste un mois au pouvoir, lors d’une courte déclaration depuis Downing Street, dimanche soir. Keir Starmer a promis que son gouvernement ferait «tout ce qu’il faut pour traduire ces voyous en justice aussi vite que possible».

Ces émeutes anti-migrants et islamophobes ont commencé après que trois fillettes ont été tuées dans une attaque au couteau lundi à Southport, au nord-ouest de l’Angleterre, un drame qui a donné lieu à de multiples rumeurs et à de la désinformation sur les réseaux sociaux sur la religion et l’origine de l’agresseur présumé. Le suspect des trois meurtres, un adolescent de 17 ans, a été inculpé et placé en détention.

De nouveaux rassemblements ont eu lieu dimanche avec comme mot d’ordre «Enough is enough (Trop c’est trop)», en référence à l’arrivée au Royaume-Uni de migrants traversant la Manche sur des canots pneumatiques. A Tamworth, près de Birmingham, la police locale a indiqué être intervenue dimanche soir près d’un hôtel, pris pour cible par un «important groupe d’individus». Ils ont «jeté des projectiles, brisé des vitres, allumé des feux et ciblé la police» et un policier a été blessé, a-t-elle détaillé.

150 arrestations depuis samedi

Un peu plus tôt à Rotherham, dans le Nord, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile et des affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre. Au moins dix policiers ont été blessés, mais aucun personnel ou client de l’hôtel, a indiqué la police locale. Certains participants ont brisé des vitres de l’établissement, ont déclenché un feu, jeté des projectiles sur les policiers, quand d’autres ont crié des slogans comme «Mettez-les dehors». Certains sont parvenus à entrer dans l’hôtel, sans qu’il soit clair dans l’immédiat si des demandeurs d’asile étaient à l’intérieur ce jour-là.

A Middlesbrough, dans le nord-est de l’Angleterre, des débordements ont également eu lieu dans le centre-ville. D’autres manifestations se sont déroulées à travers le pays, à Aldershot (sud-ouest), Bolton (nord) ou Weymouth (sud), dans un climat généralement tendu. Les forces de l’ordre ont indiqué avoir procédé à près de 150 arrestations depuis samedi.

Il s’agit du quatrième jour de violences au Royaume-Uni depuis le meurtre des trois fillettes. Des émeutes et affrontements entre police, manifestants, et parfois contre-manifestants antiracistes, ont eu lieu dans une dizaine de villes, dont Liverpool, Hull, Leeds, Sunderland, Belfast (en Irlande du Nord) ou encore à Southport mardi, où une mosquée a été prise pour cible.

Protection policière renforcée autour des mosquées

Dimanche, des responsables religieux de Liverpool représentant différentes confessions ont publié un communiqué appelant à l’unité. Le gouvernement a annoncé renforcer la protection policière des mosquées. Depuis lundi, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et de soutien aux forces de l’ordre contre ce qu’il a de nouveau décrit dimanche comme «des violences d’extrême droite». «Si vous ciblez des gens à cause de la couleur de leur peau ou de leur religion, c’est de l’extrême droite», a-t-il insisté.

Certains commentateurs et responsables politiques ont estimé que la montée d’un discours anti-immigration dans la classe politique a légitimé les manifestants. Lors des dernières législatives, le parti anti-immigration Reform UK a engrangé plus de 14 % des voix. Pour la coprésidente du parti Vert, Carla Denyer, ces violences doivent servir «de signal d’alarme pour tous les responsables politiques» ayant utilisé une rhétorique anti-immigration.