Le retour maous d’Oasis pourrait avoir un impact sur les futurs taux directeurs de la Banque d’Angleterre. L’info peut paraître loufoque, mais d’après le très sérieux média économique Bloomberg, la tournée de retrouvailles des frères Gallagher (41 dates, dont 19 au Royaume-Uni) devrait, à la marge, faire grimper l’inflation britannique. Ce qui pourrait, par ricochet, influer sur la future décision de la banque centrale du royaume. Les concerts des deux rockeurs coïncident en effet avec certaines dates de collecte de l’indice des prix à la consommation par l’Office for National Statistics (ONS), l’Insee local.
Selon plusieurs économistes cités par Bloomberg, l’effet – essentiellement lié à la flambée des tarifs hôteliers – atteindrait jusqu’à 0,04 % sur l’inflation globale du Royaume-Uni. Une très faible variation, en soi, mais qui pourrait devenir non négligeable pour les économistes de la banque centrale. Car les décisions sur les taux d’intérêt se jouent parfois à quelques centièmes de point près.
Une situation similaire avec Taylor Swift en 2023
La situation rappelle celle de 2023, lorsque le passage de Taylor Swift outre-Manche avait été accusé de doper l’inflation des services à cause des prix stratosphériques des hôtels. Mais cette fois, «il y a peut-être plus de chances d’observer un effet [statistique] avec les concerts d’Oasis», avance la société financière Capital Economics.
Reportage
A Edimbourg, où le groupe joue ce mardi 12 août soir pour la troisième fois en quelques jours, l’impact est renforcé par la tenue simultanée du Fringe, le festival qui envahit la capitale écossaise au mois d’août. D’après les données de la banque TD Securities, les prix des chambres réservées la veille du concert du 8 août affichaient 65 % d’augmentation par rapport à l’année précédente pour les trois étoiles et 50 % pour les quatre étoiles. «Si les prix restent à ce niveau, cela pourrait temporairement gonfler l’inflation de trois à quatre points de base [0,03 % ou 0,04 %, ndlr] en août», estime James Rossiter, un responsable macroéconomie de la banque. En juillet, Manchester avait connu un pic similaire après une date du groupe, juste au lendemain d’un possible jour de collecte des prix par l’ONS.
Pour la Banque d’Angleterre, le timing est délicat. L’institution a baissé ses taux directeurs de 0,25 point la semaine dernière, mais reste divisée. «Cela pourrait donner des arguments à ceux qui veulent réduire les taux plus lentement, craignant que l’inflation reste trop élevée trop longtemps», explique Paul Dales, économiste chargé du Royaume-Uni chez Capital Economics. Dans le pays, l’inflation est repartie à la hausse depuis septembre 2024. En juin, elle s’élevait à 3,6 % par rapport à l’année précédente et la Banque d’Angleterre anticipe un pic en septembre, alimenté par la hausse des prix alimentaires.
Les fans d’Oasis, eux, dépensent sans compter. Avant l’ajout de deux nouvelles dates à Londres en septembre, la banque Barclays anticipait déjà que la tournée allait rapporter 1,06 milliard de livres (1,23 milliard d’euros) de retombées économiques pour le Royaume-Uni. Soit 888 euros par spectateur.