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Libération
L'heure de la revanche

Royaume-Uni : l’ancien ministre Rishi Sunak candidat à Downing Street

L’ancien ministre des Finances Rishi Sunak a annoncé dimanche sur Twitter sa candidature pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni, afin de «redresser» l’économie du pays et «unir» le parti conservateur.
Rishi Sunak au Wembley Arena de Londres, le 31 août 2022. (Dan Kitwood/Getty Images/AFP)
publié le 23 octobre 2022 à 12h47

Battu début septembre par Liz Truss, Rishi Sunak, 42 ans, pourrait bientôt décrocher sa revanche : l’ancien chancelier de l’Echiquier britannique s’est lancé dimanche 23 octobre dans la course à Downing Street. Une victoire ferait de lui le premier chef de gouvernement non-blanc du Royaume-Uni. Alors que les mesures budgétaires annoncées fin septembre par Liz Truss mettaient le feu aux marchés et faisaient chuter la livre à son plus bas historique, l’ancien ministre des Finances de Boris Johnson était resté extrêmement discret. Il avait bien prévenu les conservateurs durant la campagne cet été que le programme de Liz Truss relevait du «conte de fées» et que ses réductions massives d’impôts entraîneraient une hausse des coûts d’emprunt. La tempête sur les marchés et son impopularité ont emporté Liz Truss, qui a démissionné, record du genre, après 44 jours en poste.

«Redresser notre économie»

Rishi Sunak s’est donc lancé officiellement dans la course à sa succession, après avoir largement dépassé le nombre des 100 parrainages nécessaires. «Je veux redresser notre économie, unir notre parti et servir le pays», a-t-il écrit sur Twitter. Le multi-millionnaire, ancien banquier accusé par certains d’être un technocrate déconnecté de la population, revient donc sur le devant de la scène avec une crédibilité au plus haut. Pour ses partisans, le message de Sunak, lors de la précédente campagne pour Downing Street, sur la nécessité de faire preuve de prudence économique pour lutter contre l’inflation, a montré qu’il était l’homme de la situation. Sa modération budgétaire, à cause de laquelle il a été jugé trop centriste et trop lisse, rassure désormais.

L’été dernier déjà, ce conservateur, petit-fils d’immigrés indiens, était le candidat préféré des députés tories. Mais face à Liz Truss, il a payé son claquement de porte du cabinet Johnson début juillet, suivi ensuite par une soixantaine de collègues. Il a été accusé d’avoir trahi BoJo, avec lequel il reste à couteaux tirés. La base du parti, qui avait le dernier mot, lui avait préféré Liz Truss.

Brexiter de la première heure

Rishi Sunak a été élu député du Yorkshire (nord de l’Angleterre) en 2015. A peine cinq ans plus tard, il accède à 39 ans au poste très convoité de ministre des Finances, peu avant le début de la pandémie. Ce partisan du Brexit de la première heure a gagné en popularité en distribuant des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19.

Mais sa fortune, amassée lors de sa carrière dans la finance et via son mariage à Akshata Murty, fille d’un multimilliardaire indien, indispose parfois, alors que les Britanniques se serrent la ceinture. Face à ces critiques, ce fan de la saga Star Wars renvoie à son histoire familiale, une success story comme les conservateurs les aiment. Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, Rishi Sunak est l’aîné de trois enfants et le fils d’un médecin généraliste du système de santé public et d’une pharmacienne. Nés en Inde, ses grands-parents ont émigré en Afrique orientale britannique dans les années 1960.

«Ma famille a émigré ici il y a 60 ans. [Ma mère] tenait la pharmacie locale de Southampton. C’est là que j’ai grandi, dans la boutique, livrant les médicaments. J’ai travaillé comme serveur au restaurant indien au bout de la rue», a-t-il raconté lors de la dernière campagne pour Downing Street. «Je suis ici grâce au dur labeur, au sacrifice et à l’amour de mes parents.» Rishi Sunak a cependant très vite accédé à l’élite en fréquentant le Winchester College, un très chic pensionnat pour garçons. Il a ensuite étudié la politique, la philosophie et l’économie dans les prestigieuses universités d’Oxford, en Angleterre, et de Stanford, aux Etats-Unis.

Avant d’entrer en politique, il a travaillé dans la finance, en particulier chez Goldman Sachs, et fondé sa propre société d’investissement. Ce père de deux filles a prêté serment sur la Bhagavad Gita, un texte sanskrit considéré comme l’un des écrits fondamentaux de l’hindouisme, quand il a été élu député en 2015.