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Pédocriminalité

Royaume-Uni : l’archevêque de Canterbury démissionne après sa mise en cause pour avoir dissimulé des violences sur mineurs

Numéro deux de l’Eglise anglicane, juste sous le roi Charles III, Justin Welby a démissionné ce mardi 12 novembre. Le religieux est mis en cause dans la dissimulation d’agressions physiques et sexuelles à l’encontre de 130 garçons entre les années 1970 et 2010.
Justin Welby au San Salvador, le 4 juin. (Jose Cabezas/REUTERS)
publié le 12 novembre 2024 à 16h48

Un séisme religieux au Royaume-Uni. «J’ai décidé de démissionner de mon poste d’Archevêque de Canterbury», a partagé Justin Welby, 68 ans, dans un communiqué sur son compte X ce mardi 12 novembre. Cette figure religieuse majeure, chef de l’Eglise anglicane – il en est le numéro 2 derrière le roi – est mise en cause depuis plusieurs jours dans un scandale qui tourmente sa branche confessionnelle. Celui qui a couronné Charles III et qui a officié les obsèques de la reine Elizabeth II est accusé d’avoir dissimulé des agressions physiques et sexuelles à l’encontre de plus d’une centaine de garçons depuis la publication du rapport indépendant Makin le 7 novembre, commandité par l’Eglise anglicane.

Le rapport estime que Justin Welby a dissimulé des violences commises par John Smyth, un avocat anglican, à l’encontre de 130 garçons entre les années 1970 et 2010, d’abord au Royaume-Uni, puis en Afrique, notamment au Zimbabwe et en Afrique du Sud où il s’était installé. John Smyth est décrit comme étant «probablement l’agresseur le plus prolifique associé à l’Eglise d’Angleterre». John Smyth infligeait des souffrances physiques, sexuelles et psychologiques «brutales et horribles» à ses victimes, détaille le rapport. Il faisait par exemple venir des jeunes garçons à son domicile du sud de l’Angleterre, où il les battait avec une canne, parfois jusqu’au sang, invoquant des justifications théologiques.

Une «campagne de dissimulation» des agressions

Le sommet de l’Eglise d’Angleterre a été officiellement informé des faits en 2013, mais des responsables du culte en avaient connaissance depuis le début des années 1980. Ils ont tu les événements dans le cadre d’une «campagne de dissimulation» a conclu l’enquête Makin. Selon le rapport, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, «aurait pu et dû» signaler à la police les violences commises par l’avocat à partir de 2013, lorsqu’il est devenu primat de l’Eglise anglicane.

Dans l’annonce de sa démission, Justin Welby assume «la responsabilité personnelle et institutionnelle de la longue période traumatisante qui s’est écoulée entre 2013 et 2024.» Son inaction a permis à John Smyth d’échapper à la justice : l’homme est décédé en Afrique du Sud en 2018, sans jamais être passé devant un tribunal. L’affaire avait éclaté un an avant, en 2017, après la diffusion d’un documentaire de la chaîne Channel 4 qui avait enquêté sur ces abus.

Après la publication du rapport le 7 novembre, Justin Welby avait assuré qu’il n’avait «aucune idée ou soupçon» avant 2013 mais qu’il reconnaissait avoir «personnellement failli à s’assurer» qu’après cette date «cette horrible tragédie fasse l’objet d’une enquête vigoureuse». Dans son communiqué de ce mardi, l’homme d’Eglise a fait part de son «sentiment de honte» qu’il affirme éprouver «face aux échecs historiques de l’Eglise d’Angleterre». Celui accusé d’avoir dissimulé de nombreuses agressions, espère que sa démission «montre clairement à quel point l’Eglise d’Angleterre comprend la nécessité d’un changement, et notre engagement profond à créer une Eglise plus sûre».