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Interview

Royaume-Uni : «Le gouvernement peut éviter la rupture en essayant de retarder la tenue d’un référendum en Ecosse»

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Volonté d’indépendance, pandémie, rejet du Brexit… A l’occasion des élections régionales qui se tiennent ce jeudi dans le pays, l’historien Erik Linstrum décrypte les raisons de l’effritement de l’identité britannique.
Un rassemblement pro-indépendance à Glasgow (Ecosse), le 1er mai. (Ewan Bootman /NurPhoto / AFP)
publié le 6 mai 2021 à 8h15

Erik Linstrum est un historien de l’université de Virginie (Etats-Unis), spécialiste de la Grande-Bretagne moderne ainsi que des sociétés impériales. Son premier livre, Ruling Minds : Psychology in the British Empire, a remporté le prix George Louis Beer de l’American Historical Association en 2016 pour le meilleur livre de l’année dans l’histoire internationale européenne.

Le Royaume-Uni est-il sur le point d’éclater ?

Parler d’un royaume désuni, constitutionnellement parlant, n’a rien de nouveau. L’ouvrage The Break-Up of Britain du politologue écossais Tom Nairn a maintenant près de 45 ans. Les tensions ont toujours existé au sein du Royaume-Uni. Mais aujourd’hui, cette possibilité est devenue plus forte, plus probable. Au pays de Galles, depuis 2020, le soutien à l’indépendance a augmenté, bien qu’il s’agisse toujours d’une position minoritaire. Et en Ecosse, le mouvement pro-indépendance a atteint une position légèrement majoritaire dans les sondages – même si les tendances indiquent que ce changement s’est stabilisé depuis peu. La question est désormais de savoir si la campagne de vaccination, plutôt réussie, atténuera ses envies séparatistes.

Comment en est-on arrivé là ? Y a-t-il eu un événement déclencheur ?

Je ne parlerais pas d’événement, mais plutôt de processus structurels de longue durée. Les trois «D» – décolonisation, désindustrialisation, déclin – en sont les principales causes. Premièrement, au fil du temps, l’identité «britannique»