Menu
Libération
Espionnage

Royaume-Uni : le téléphone de Liz Truss piraté par des hackers russes

Les premiers pas de Rishi Sunak, nouveau Premier ministre britannique, sont déjà marqués par des scandales en lien avec la sécurité de l’Etat. Le dernier en date concerne l’espionnage du téléphone portable privé de sa prédécesseure par des agents du Kremlin qui auraient eu accès à des informations sensibles, selon le «Mail on Sunday».
L’espionnage aurait eu lieu alors que l'ancienne locatrice du Downing Street Liz Truss était ministre des Affaires étrangères de Boris Johnson. (Alastair Grant/AP)
publié le 30 octobre 2022 à 14h46

L’arrivée de Rishi Sunak au 10, Downing Street, après cinq semaines d’hystérie collective sous la houlette de Liz Truss, devait ramener un semblant de calme au Royaume-Uni. C’est en tout cas ce qu’espéraient les conservateurs et, de fait, le pays tout entier. Sauf que non. Les premiers pas de Premier ministre de l’ancien ministre des Finances de Boris Johnson sont déjà entachés de scandales. Le dernier en date est la révélation ce dimanche par le Mail on Sunday, journal conservateur, que le téléphone portable personnel de Liz Truss aurait été piraté par des hackers russes.

«Conversations ultrasensibles»

L’espionnage aurait eu lieu alors que Liz Truss était ministre des Affaires étrangères de Boris Johnson par «des agents soupçonnés de travailler pour le Kremlin», révèle le journal qui précise que les hackers auraient eu accès à «des échanges top secret avec des partenaires internationaux». Le piratage se serait étalé sur plus d’une année et aurait concerné des «conversations ultrasensibles sur la guerre en Ukraine». L’espionnage aurait aussi concerné des messages très privés entre Liz Truss et son très proche ami Kwasi Kwarteng, qu’elle désignera quelques semaines plus tard chancelier de l’Echiquier, avant qu’il soit contraint à la démission après quelques jours. Le téléphone en question serait désormais enfermé dans un coffre-fort sécurisé, selon le Mail on Sunday.

Comme si ce scandale en soi ne suffisait pas, le journal révèle que le piratage a été découvert au cours de l’été, alors que Liz Truss faisait campagne pour succéder à Boris Johnson, lequel expédiait alors les affaires courantes du gouvernement en attendant son remplacement. Et ce serait lui et Simon Cave, le plus haut conseiller politique du gouvernement, qui auraient décidé de ne pas rendre publique cette information mais surtout d’en «supprimer des détails». Lesquels ? Et à quelle fin ? L’opposition travailliste a réclamé l’ouverture urgente d’une enquête pour répondre à ces questions. Pour le moment, le gouvernement s’est contenté d’un communiqué laconique. «Nous ne commentons pas les dispositifs de sécurité des individus», a indiqué un porte-parole en ajoutant qu’il existe «des systèmes robustes en place pour se protéger contre les cybermenaces».

Enquête globale et indépendante

La révélation de cet incident intervient alors que Rishi Sunak est très critiqué pour avoir renommé au poste de ministre de l’Intérieur l’ultra conservatrice Suella Braverman, qui a vraisemblablement négocié sa renomination en échange de son soutien à Sunak dans la course à la tête du parti conservateur. Or Braverman avait été débarquée la semaine précédente du gouvernement de Liz Truss pour avoir envoyé un document top secret à un député, dans un email personnel, ce qui est strictement interdit pour des questions de sécurité. Suella Braverman avait tenté de se défendre en invoquant une «erreur» d’inattention. Mais la BBC révèle dimanche que la ministre a attendu plusieurs heures avant de signaler au gouvernement l’erreur en question. «Tout cela va au cœur des questions qui émergent à propos de la manière dont le gouvernement ne prend pas assez au sérieux les questions de sécurité nationale», a déclaré dimanche sur la BBC Yvette Cooper, responsable du Labour pour les questions intérieures, en insistant sur la nécessité d’une enquête globale et indépendante sur ces incidents.