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Libération
Durcissement

Royaume-Uni : l’expulsion des migrants au Rwanda votée malgré des turbulences

Le projet de loi controversé du gouvernement de Rishi Sunak a été voté mercredi 17 janvier au soir par les députés britanniques, en dépit des velléités d’une partie de la majorité de durcir encore le texte.

Rishi Sunak à Londres, le 7 décembre 2023. (James Manning/AP)
Publié le 18/01/2024 à 7h04

Rishi Sunak est passé à deux doigts d’une crise politique majeure. Après son approbation initiale en décembre, le projet de loi controversé visant à expulser des migrants vers le Rwanda a finalement été validé par les députés mercredi 17 janvier au soir. Lors de ce vote à la Chambre des Communes 320 députés ont voté en faveur du texte et 276 ont voté contre, l’envoyant à la Chambre des Lords qui pourra éventuellement l’amender.

Son examen, depuis mardi, a donné lieu à de vifs débats. Une soixantaine de députés de la majorité avaient déposé des amendements pour encore durcir le texte actuel. Pour répondre au souhait de certains de supprimer les possibilités de recours de la part des migrants expulsés, le ministre de la Justice avait présenté mardi des mesures pour que ces recours soient examinés rapidement.

Mais après avoir essuyé récemment les critiques cinglantes de son ex-ministre de l’Intérieur Suella Braverman et la démission de son secrétaire d’Etat à l’Immigration Robert Jenrick, le Premier ministre britannique a subi la rébellion de deux vice-présidents du parti conservateur, Lee Anderson et Brendan Clarke-Smith.

Vingt-quatre heures après avoir annoncé qu’ils soutiendraient les amendements défendus par l’aile droite des Tories, les deux ont démissionné de leurs postes au sein du parti. «Si notre volonté principale est de durcir la législation, cela signifie que pour voter les amendements, il nous faut ainsi vous présenter notre démission de nos fonctions», ont-ils écrit à l’adresse de Rishi Sunak.

Les dissidents ont toutefois fini par se ranger derrière Rishi Sunak, qui a promis d’empêcher les bateaux de migrants de traverser illégalement la Manche.

«Pas compatible» avec le droit international

Le projet de loi est destiné à répondre aux objections de la Cour suprême britannique, qui a jugé en novembre le projet illégal dans sa version précédente. Pourtant selon l’ONU, même dans sa dernière version, le projet n’est «pas compatible» avec le droit international. Il «ne répond pas aux normes requises en matière de légalité pour le transfert des demandeurs d’asile», a tranché mardi l’agence onusienne pour les réfugiés (HCR).

Un peu plus de deux ans après son arrivée au pouvoir, Rishi Sunak traverse une période délicate, lui qui a placé l’expulsion vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement sur le sol britannique au cœur de sa politique migratoire. Un pari à haut risque en ce début d’année électorale où les conservateurs ne parviennent pas à réduire l’écart dans les sondages et sont devancés d’une vingtaine de points par l’opposition travailliste menée par Keir Starmer. Le Premier ministre britannique doit en effet naviguer entre la volonté de fermeté de l’aile droite du parti conservateur sans risquer de perdre le soutien des plus modérés.