En 2014, les organisateurs du congrès des conservateurs étaient loin de s’imaginer que de tous les discours, celui qui marquerait le plus les esprits serait l’intervention de la secrétaire d’Etat à l’Environnement. Ce jour-là, sur l’estrade, une Liz Truss au sourire pincé vante d’un ton haché les mérites du terroir britannique, avant de s’indigner : «Nous importons les deux tiers de notre fromage. C’est. Un. Scan-dale.» Amusante par sa bizarrerie, la vidéo de ce moment propulse Truss aux quatre coins des réseaux sociaux, une sphère dont elle ne tardera pas à s’emparer en embauchant un conseiller Instagram. Heureusement pour elle, les Britanniques ont toujours toléré une certaine dose d’étrangeté chez leurs Premiers ministres.
Liz Truss a depuis travaillé son élocution et ajusté son image. Candidate à la succession de Boris Johnson, elle prend aujourd’hui, à 47 ans, la tête du Parti conservateur et deviendra mardi la cheffe du gouvernement britannique en entrant au 10, Downing Street et le quinzième Premier ministre de la reine Elizabeth II. Avec 57% des voix, elle fait beaucoup moins bien que son prédécesseur Boris Johnson (66%) et surtout, l’écart avec son rival qui a obtenu 43% des suffrages, est le plus resserré de l’histoire de la course à