Dans sa guerre judiciaire engagée contre la presse à scandale britannique, le prince Harry remporte une première victoire de taille. Son combat contre des articles du Daily Mirror écrits grâce au piratage de ses messageries téléphoniques s’est soldé ce vendredi 15 décembre par la condamnation de l’éditeur du tabloïd britannique. Par la voix de son avocat David Sherborne, le fils cadet du roi Charles III, exilé volontaire en Californie, a salué un «grand jour pour la vérité», un jugement qui lui donne «raison» et «confiance». «La mission continue», a ajouté le duc de Sussex qui n’entend visiblement pas en rester là dans son combat contre ce qu’il considère comme un harcèlement des tabloïds britanniques continu et injuste depuis sa naissance.
Entre 1996 et 2009, 15 des 33 articles litigieux retenus dans la procédure étaient issus du piratage, «dans une modeste mesure», de boîtes vocales du téléphone portable du prince Harry ou de son entourage, a estimé le juge Timothy Fancourt. La société éditrice du Mirror est ainsi contrainte de verser au prince de 39 ans une coquette somme de 140 600 livres sterling (163 000 euros) de dommages et intérêts. Le magistrat a jugé que ce procédé illicite envers des célébrités était massivement utilisé par les titres du groupe de presse entre 2006 et 2011, y compris pendant que se déroulait une enquête publique sur le comportement de la presse britannique après les révélations sur l’usage étendu, tant sur des personnalités que des membres anonymes du public de l’espionnage téléphonique. Le scandale avait conduit à la fermeture du fleuron du groupe de médias de Rupert Murdoch, le quotidien dominical News of the World. «Là où des fautes ont été commises, nous présentons des excuses sans réserves et en assumons la pleine responsabilité et payons les compensations appropriées», a réagi vendredi le groupe de presse.
Un piratage «à une échelle industrielle»
L’ex-rédacteur en chef du tabloïd britannique, Piers Morgan, largement impliqué dans ce piratage de 1995 à 2004 selon un juge, a quant à lui démenti en bloc. Le présentateur vedette a répété ce vendredi qu’il n’avait «jamais piraté un téléphone ou dit à quelqu’un d’autre de le faire».
Pendant le procès, le prince Harry s’était déplacé personnellement pour témoigner huit heures durant, lors de deux journées d’audience en juin dernier – une première à la barre pour un membre de la famille royale, depuis le procès en diffamation du futur Edouard VII, en 1891. «Le piratage téléphonique était pratiqué à une échelle industrielle par au moins trois journaux à l’époque, et cela ne fait aucun doute», avait accusé le duc de Sussex le 7 juin, dénonçant une collecte illégale d’informations via des détectives privés.
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Le groupe avait rejeté la vaste majorité des accusations, contestant notamment tout piratage de messageries. Mais il avait reconnu quelques procédés illicites pour 5 des 33 articles, dont le recours à un détective privé au sujet d’une sortie en boîte de nuit en 2004, et avait présenté ses excuses.
Rancœur tenace
Le prince Harry éprouve une rancœur tenace envers la presse à scandale, qu’il tient pour responsable de la mort de sa mère la princesse Diana dans un accident de voiture sous le pont de l’Alma, à Paris le 31 août 1997, alors que le véhicule dans lequel elle se trouvait était pourchassé par des paparazzis à Paris. Amer, le remuant Windsor lui reproche également une forme de harcèlement et de racisme à l’encontre de son épouse, Meghan Markle, américaine et métisse. Il reproche également à ces journaux d’avoir nourri la mésentente grandissante entre lui et sa famille et explique son exil sur la côte Ouest des Etats-Unis par le souci de préserver son épouse et leurs deux jeunes enfants de l’attention malsaine dont il a souffert toute sa vie.
Dans l’éventail des procédures qu’il a engagées contre la presse, le prince Harry a perdu une manche il y a quatre jours lorsqu’un tribunal lui a demandé de verser 48 000 livres sterling (56 000 euros), de frais de justice, dans une affaire de diffamation contre le Mail on Sunday, pour un article relatif à sa protection policière quand il se rend au Royaume-Uni. Mais il ne s’agit que d’un premier volet de ce procès.