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Répression

Russie : après la mort de Navalny, une centaine de personnes arrêtées lors de rassemblements en sa mémoire

Selon le décompte d’une ONG spécialisée, «plus de 101 personnes ont été arrêtées dans dix villes» de Russie, dont une majorité à Saint-Pétersbourg, au lendemain de la mort du principal opposant à Vladimir Poutine.
Des policiers arrêtent une femme qui a déposé des fleurs pour Alexei Navalny au Mémorial des victimes de la répression politique à Saint-Pétersbourg, en Russie, le vendredi 16 février 2024. (AP)
publié le 17 février 2024 à 9h05
(mis à jour le 17 février 2024 à 11h38)

Quelques heures à peine après l’annonce de la mort d’Alexeï Navalny, les autorités moscovites avaient mis en garde les habitants contre toute manifestation «non autorisée». La répression du Kremlin ne s’est pas fait attendre.

Une quinzaine de personnes ont été arrêtées ce samedi 17 février à la mi-journée par la police russe lors d’un rassemblement à Moscou à la mémoire de l’opposant Alexeï Navalny, a indiqué le média indépendant russe Sota, présent sur les lieux. Selon des vidéos diffusées sur le compte Telegram de ce média, les policiers, masqués, ont interpellé sans ménagement «plus de 15 personnes» venues déposer dans le calme des fleurs sur un monument à la mémoire de victimes des répressions politiques soviétiques dans le centre de la capitale russe.

Dès vendredi après-midi, les autorités de la capitale avaient mis en garde les habitants contre toute manifestation «non autorisée» après l’annonce de la mort de l’opposant numéro un du Kremlin. Une centaine de personnes ont été arrêtées au total lors de plusieurs rassemblements en Russie en mémoire du principal opposant à Vladimir Poutine, vendredi, a annoncé samedi 17 février l’ONG spécialisée OVD-Info.

Détention

Selon le décompte publié sur son site et mis à jour samedi matin, «plus de 101 personnes ont été arrêtées dans dix villes», principalement des grands centres urbains. Une soixantaine ont été interpellés et placés en détention à Saint-Pétersbourg, une quinzaine à Nijni Novgorod et une dizaine à Moscou.

Malgré les menaces d’arrestation, des personnes ont fait la queue dès vendredi soir pour déposer des fleurs dans plusieurs cités russes sur des monuments à la mémoire de dissidents politiques. Des interpellations avaient alors déjà été signalées.

En Russie, toute critique publique du pouvoir est passible de prison. Alexeï Navalny, 47 ans, purgeait une peine de 19 ans de prison pour «extrémisme» dans une colonie reculée de l’Arctique, dans des conditions très difficiles.

Sa disparition après trois années de détention et un empoisonnement dont il accusait le Kremlin prive une opposition déjà exsangue de sa figure de proue, à un mois de la présidentielle qui doit encore une fois cimenter le pouvoir de Vladimir Poutine.

L’Occident réclame des comptes

Les Occidentaux réclament des comptes ce samedi 17 février à la Russie au lendemain de l’opposant. Le gouvernement britannique a convoqué les diplomates de l’ambassade de Russie vendredi soir pour leur faire savoir que Moscou serait tenu «pleinement responsable». Londres a réclamé une «enquête complète et transparente», à l’instar du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui a demandé une investigation «crédible».

Le président américain Joe Biden, «scandalisé», a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d’être «responsable de la mort» d’Alexeï Navalny, une «voix puissante pour la vérité», l’Union européenne incriminant, elle, «le régime russe». La mort d’Alexeï Navalny dit «la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant», a estimé le président français Emmanuel Macron à Paris au côté de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. D’après ce dernier, il est «évident» que Navalny «a été tué comme des milliers d’autres (...) à cause d’une seule personne, Poutine».

Samedi, le Premier ministre australien Anthony Albanese a lui aussi assuré tenir le président russe et son régime «pour responsables». Autant d’accusations que le Kremlin a jugées vendredi «absolument inacceptables», Vladimir Poutine restant silencieux bien qu’informé. «Il n’y a pas encore eu d’examen médico-légal mais l’Occident a déjà tiré des conclusions», a noté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova d’après l’agence de presse officielle russe TASS.

Du côté de la Chine, en revanche, le ministère des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter. «C’est une affaire interne à la Russie. Je ne la commenterai pas», a affirmé un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en réponse à une question d’un journaliste de l’AFP.

Mis à jour à 11 heures 38 avec une quinzaine d’arrestations supplémentaires.