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Libération
Répression

Russie : Ksenia Fadeïeva, une opposante proche de Navalny, condamnée à neuf ans de prison

La femme de 31 ans, dont le procès s’est ouvert en août, avait dirigé l’équipe du militant anticorruption dans la ville de Tomsk, dans le sud du pays.
Ksenia Fadeïeva au tribunal le 14 août 2023. (Kommersant. SIPA)
publié le 29 décembre 2023 à 18h55

La sanction est tombée quelques jours seulement après la réapparition d’Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire en Arctique. Ksenia Fadeïeva, alliée de l’opposant russe, a été condamnée ce vendredi 29 décembre à neuf ans de prison par le tribunal de Tomsk, en Sibérie, ont annoncé ses soutiens sur Telegram.

Ancienne dirigeante de l’équipe d’Alexeï Navalny à Tomsk, Ksenia Fadeïeva a été reconnue coupable d’avoir «crée une organisation extrémiste» et de «participation à une organisation portant atteinte aux droits des citoyens», a précisé le média indépendant Sota sur X (anciennement Twitter). La défense «va bien sûr faire appel de cette décision», ont rétorqué les soutiens de l’opposante.

«Ce qui s’est passé pendant ce procès n’a rien à voir avec la justice»

Le procès de Ksenia Fadeïeva, aujourd’hui âgée de 31 ans, s’était ouvert en août. D’abord assignée à résidence, la jeune femme avait ensuite été «placée dans un centre de détention provisoire» courant novembre, a ajouté le média Sota. Une répression vivement dénoncée par ses avocats Semion Vodnev et Kirill Teriokhine. «Ce qui s’est passé pendant ce procès n’a rien à voir avec la justice», ont-ils affirmé dans une vidéo sur Telegram, et diffusée par le média indépendant.

«Ksenia n’a commis aucun crime, elle est une femme politique courageuse qui a lutté contre le régime de corruption de Poutine. Elle doit être libérée», a de son côté réagi l’ONG Fondation anticorruption sur X, dans la foulée de la condamnation.

En 2020, Ksenia Fadeïeva avait été élue au conseil municipal de Tomsk, aux côtés d’autres militants indépendants en Sibérie. Une victoire rare pour l’opposition russe à l’époque, et acclamée par de nombreux opposants au régime de Poutine.

Mais aussi rapidement réfrénée par le Kremlin. En 2021, les autorités ont désigné les équipes de campagnes de Navalny comme «extrémistes», exposant les sympathisants et collaborateurs de l’opposant à des risques de poursuites pénales. Si nombre d’entre eux ont alors décidé de fuir la Russie, Ksenia Fadeïeva avait quant à elle refusé de s’exiler, et fut arrêtée en décembre 2021 pour avoir organisé un groupe «extrémiste».

20 000 opposants arrêtés

Ce n’est pas la première fois que des alliés d’Alexeï Navalny font face à la répression tous azimuts du Kremlin. En juin, Lilia Tchanycheva, la responsable du quartier général du dissident dans la ville d’Oufa – dans le centre du pays – avait écopé de sept ans et demi de prison, également pour «extrémisme». Experte comptable, Lilia Tchanycheva avait été la première collaboratrice de Navalny à être jugée pour création d’une «organisation extrémiste».

D’après l’ONG spécialisée OVD-Info, près de 20 000 Russes ont été arrêtés depuis le début de l’invasion en Ukraine pour avoir protesté contre la politique du Kremlin. La quasi-totalité des voix contestataires est aujourd’hui derrière les barreaux, à l’image de l’ancien journaliste Vladimir Kara-Mourza et de l’opposant Ilia Iachine, ou en exil à l’étranger.