Personne ne doute de l’innocence de Philippe Delpal, Michael Calvey et de leurs coaccusés. Pas leurs soutiens, c’est-à-dire l’intégralité de la communauté d’affaires russe et étrangère. Pas les observateurs qui auront suivi le procès et ses aberrations, scruté les témoins à charge se rétracter pendant les audiences, les expertises indépendantes démonter les preuves apportées par l’accusation, la traductrice mandatée par les enquêteurs affirmer que la traduction est son «hobby» et admettre ne pas parler français. Pas plus que les plaignants, qui ont rapidement retiré leur plainte au civil, estimant avoir obtenu satisfaction. Et pas même la juge, qui, au terme d’une lecture du verdict qui a duré quinze heures, les a jugés coupables et a condamné Philippe Delpal à quatre ans et six mois de prison avec sursis, le 7 août.
A lire aussi
Tout kafkaïen que cela soit, la question n’est pas là. Un procès pénal, en Russie, ce n’est pas la recherche de la vérité : c’est la recherche d’un compromis, en fonction d’un rapport de forces à multiples facettes. En l’occurrence, il s’agit d’une instrumentalisation de la justice pénale dans le cadre d’un litige commercial opposant une banque russe, dont Philippe Delpal et Michael Calvey font partie du conseil d’administration et dans laquelle le fonds d’investissement Baring Vostok avait la majorité des parts, à des hommes d’affaires disposant de relais assez puissants au sein du FSB pour prendre le contrôle de cette banque et faire en sorte que leurs r