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Guerre

Russie : l’armée annonce avoir abattu 70 drones ukrainiens, dont la moitié dans la région de Moscou

L’attaque, la plus importante sur la capitale russe depuis le début du conflit, a été interceptée par les Russes. Il s’agit d’une réponse à une attaque massive sur Kyiv quatre jours plus tôt, alors que les Ukrainiens perdent du terrain.
De la fumée et des flammes s'échappent d'un immeuble résidentiel à la suite d'une attaque de drone ukrainien, dans le district de Ramenskoye, près de Moscou, le 10 novembre 2024. (Social Media/REUTERS)
publié le 10 novembre 2024 à 12h34

C’est une attaque de drones d’une ampleur inédite sur Moscou. Le ministère russe de la Défense a annoncé sur Telegram avoir «déjoué une tentative d’attaque terroriste par le régime de Kyiv», en détruisant un total de 70 drones dans la matinée, dont 34 dans la région de Moscou. Les autres ont été abattus dans les régions limitrophes de la capitale, à savoir Kalouga (7) et Toula (2), et dans trois régions frontalières de l’Ukraine, celles de Briansk (14), Oriol (7) et Koursk (6).

Décrivant sur Telegram une «attaque massive», le gouverneur de la région de Moscou Andreï Vorobiov a affirmé que les interceptions s’étaient notamment déroulées au-dessus des villes de Ramenskoïe et Domodedovo, à une quarantaine de kilomètres au sud-est du centre de Moscou et à proximité d’aéroports. Cette opération dans la banlieue de Moscou intervient quatre jours après une importante attaque de drones russes sur la capitale ukrainienne, visée quasiment quotidiennement depuis un mois.

Kyiv dit mener ses frappes sur la Russie, qui visent d’ordinaire surtout des sites énergétiques, en réponse aux bombardements russes meurtriers qui détruisent ses infrastructures et dévastent ses villes depuis le déclenchement par Vladimir Poutine de l’assaut de grande ampleur sur l’Ukraine en février 2022. Le président Zelensky a annoncé ce dimanche que son pays avait subi pendant la nuit une attaque «record» de 145 drones russes.

Troupes ukrainiennes à la peine

La Russie indique de son côté abattre presque quotidiennement des drones ukrainiens au-dessus de son territoire, mais ils ne visent que rarement la capitale russe, située à quelque 500 kilomètres de la frontière ukrainienne.

Dimanche, une femme de 52 ans a été blessée par des éclats, brûlée au visage, au cou et aux mains, et deux maisons ont été incendiées, a précisé le gouverneur Andreï Vorobiov. Les autorités aériennes russes ont interrompu pendant près de deux heures les vols au départ et à l’arrivée de trois aéroports de la capitale : Cheremetievo, Domodedovo et Joukovski. Situés au sud-est de la capitale, les deux derniers sont à proximité des lieux où des drones ont été abattus.

Le 10 septembre, les autorités russes avaient annoncé la mort d’une femme lors d’une frappe ukrainienne ayant atteint un immeuble résidentiel de la ville de Ramenskoïe, au sud-est de Moscou. En août, la capitale russe avait subi «l’une des plus importantes» attaques en provenance d’Ukraine avec une vingtaine de drones interceptés, selon son maire, Sergueï Sobianine.

Sur le front, les troupes ukrainiennes sont à la peine, souffrant de leur infériorité en armement et en personnel, et reculant sur de multiples secteurs dans l’est de l’Ukraine, où les troupes russes progressent depuis des mois. Par ailleurs, des milliers de soldats nord-coréens sont, selon Kyiv et les Occidentaux, déployés dans la région russe de Koursk, où l’armée ukrainienne contrôle quelques centaines de kilomètres carrés depuis son opération surprise lancée le 6 août. Kyiv assure qu’ils ont déjà été engagés dans des combats.

«L’Occident a le choix»

Les Occidentaux refusent toutefois d’autoriser Kyiv à frapper en profondeur le territoire russe avec les armes qu’ils fournissent et d’abattre les engins russes visant les villes ukrainiennes, de crainte que cela n’entraîne une escalade. Et avec la victoire à la présidentielle américaine de Donald Trump se pose la question de la pérennité du soutien américain, qui a permis à l’Ukraine de résister aux troupes russes depuis février 2022. A fortiori après les dernières annonces du Kremlin, qui a assuré dimanche entrevoir des «signaux positifs» dans l’attitude de Trump vis-à-vis du conflit.

«La situation sur le théâtre des hostilités n’est pas en faveur du régime de Kyiv, l’Occident a le choix : poursuivre son financement [de l’Ukraine] et la destruction de la population ukrainienne ou admettre les réalités existantes et commencer à négocier», a mis en garde cette semaine le chef du Conseil de sécurité russe et ex-ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.