La manœuvre est devenue une routine pour les internautes russes les plus connectés. Essayer d’accéder à certains sites, tels que fbk.info, le Fonds de lutte contre la corruption de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, c’est être reçu par une page à en-tête de son fournisseur d’accès à Internet vous expliquant poliment mais fermement que l’accès est interdit en Russie. Alors, en quelques clics, on se connecte à un serveur VPN à l’étranger, et voilà les blocages qui disparaissent… Jusqu’à récemment. Ces derniers jours, se connecter aux serveurs de NordVPN, ExpressVPN, Hola et autres services populaires censés permettre de contourner les blocages, ne vous donnera plus que des pages blanches.
Il fut un temps où Roskomnadzor, le gendarme russe de l’Internet, était synonyme d’incompétence, d’une agence ne comprenant rien au fonctionnement du Web, qui se couvrait de ridicule en tentant de bloquer, au printemps 2018, la messagerie Telegram et en ne parvenant qu’à paralyser le Web russe tout entier… sauf sa cible. La plaisanterie, aujourd’hui, ne fait plus rire personne. C’est qu’entre-temps ont eu lieu en parallèle un progrès technologique et un glissement politique.
Architecture décentralisée
Côté technologique, les effets de la loi dite «de l’Internet souverain», plus connue sous le nom de «loi de l’isolation de l’internet russe», entrée en vigueur en novembre 2019, commencent à se faire ressentir. Depuis cette date, les autorités russes équipent les fournisseur