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Disparition

Russie : mort brutale de Lev Rubinstein, poète et dissident

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Poésiedossier
Figure de la critique du Kremlin, l’écrivain de 76 ans est mort dimanche, quelques jours après avoir été renversé par une auto à un passage piéton à Moscou.
Lev Rubinstein en mars 2012. (Fréderique Toulet/Bridgeman Images)
publié le 15 janvier 2024 à 12h21
(mis à jour le 15 janvier 2024 à 20h23)

Ses amis et ses lecteurs sont inconsolables. Une boussole morale, un repère intellectuel, la bonté incarnée, un artisan du mot à l’oreille absolue - les laudatifs ne manquent pas pour commémorer, sur les réseaux russophones, le poète et essayiste Lev Rubinstein, qui s’est éteint à 76 ans, dimanche, à Moscou. Au début de la semaine dernière, le 8 janvier, il avait été hospitalisé dans un état critique après avoir été percuté par un chauffard qui n’avait pas ralenti sur un passage piéton. Plusieurs jours durant, tandis qu’il était plongé dans un coma artificiel et que les médecins luttaient pour sa vie, on avait croisé les doigts, cité ses meilleurs mots, évoqué des souvenirs et invoqué chacun son dieu, pour le rétablissement de ce petit homme à l’éternelle barbe de trois jours et aux lunettes rondes. Mais «le miracle n’a pas eu lieu», s’est désolé l’écrivain Boris Akounine, en pleurant la mort de son ami, «l’une des meilleures personnes au monde».

Né en 1947 à Moscou, Lev Rubinstein grandit dans une «famille soviétique exemplaire», selon ses propres mots, d’un père ingénieur et d’une mère au foyer, entouré de leurs grosses fratries respectives. Son frère, de neuf ans son aîné, de la génération des «stilyagui», sorte de hipsters soviétiques, lui donna le goût