Quand Vladimir Poutine a dévoilé le nom de son nouveau ministre de la Défense, le 12 mai, la surprise fut grande, y compris de la part de l’intéressé. Andreï Belooussov, technocrate sans expérience militaire, occupait depuis 2020 le poste de vice-Premier ministre chargé de l’Economie. Les experts y ont vu l’affirmation d’une ligne martiale dure, sur le long terme, et la volonté de mettre définitivement l’économie russe sur les rails de la guerre, qui sera longue. Pour le politologue Ivan Preobrazhensky, cité par Novaya Gazeta Europe, «sa tâche est de rendre la Russie capable de faire la guerre non pas pendant deux ou trois ans, comme l’ont dit les experts, mais pendant des décennies. Et il ne sera pas le ministre de la Défense au sens immédiat du terme. Le ministre de la Défense est désormais Poutine».
Certains ont voulu lire dans cette nomination d’un outsider de l’armée la volonté de prendre à bras-le-corps la corruption endémique du secteur. Sauf que le parcours de ce natif de Moscou, issu de la nomenklatura soviétique, ne le distingue pas tellement des apparatchiks kremlinois. A l’annonce de la candidature de Belooussov, le secrétaire d’Etat à la Défense britannique, Grant Shapps, avait synthétisé sur X : «La Russie a besoin d’un minis