Un assaut d’une ampleur inédite avant le début des négociations. La région de Moscou a été visée dans la nuit de lundi 10 au mardi 11 mars par 337 drones ukrainiens. Trois personnes sont mortes et dix-huit autres ont été blessées, selon le ministère russe de la Santé et les autorités municipales. Il s’agit de l’attaque la plus importante contre la région de la capitale, rarement touchée depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022. Cet assaut intervient à quelques heures de pourparlers en Arabie Saoudite entre représentants ukrainiens et américains, qui visent à chercher un règlement du conflit en Ukraine, au moment où l’administration Trump prône sa fin au plus vite.
«La plus grande attaque de drones contre Moscou»
«Au cours de la nuit passée, les systèmes de défense antiaérienne ont intercepté et détruit [les] drones aériens ukrainiens, dont 91 au-dessus de la région de Moscou et 126 au-dessus de la région de Koursk», frontalière de l’Ukraine, a expliqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Cité par les agences de presse russes, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a mis l’accent sur le fait que «le régime de Kyiv [avait frappé] des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation».
Les drones ont également visé les régions de Briansk et de Belgorod, frontalières de l’Ukraine, ainsi que celles Nijni Novgorod et de Riazan (est et sud-est de Moscou), de Kalouga (sud-ouest de Moscou), de Voronej (sud-est du pays). «La plus grande attaque des drones ennemis contre Moscou a été repoussée», s’est félicité sur Telegram Sergueï Sobianine, le maire de la capitale. L’élu a précisé que les drones ont notamment touché le village de Sapronovo et la ville de Ramenskoïe, dans la grande banlieue moscovite. «Les spécialistes des services de secours travaillent sur les lieux de chute de débris.»
L’aéroport international de Vnoukovo a interrompu son trafic tandis que les trois autres aéroports qui desservent Moscou – Domodedovo, Joukovski et Cheremetievo – ont «mis en place des restrictions temporaires», a indiqué Rosaviatsia, l’agence fédérale russe de l’aviation.
Une attaque pour «inciter» la Russie à la trêve
Dans la matinée, l’Ukraine a déclaré que son attaque de drones devait «inciter» Poutine à accepter une trêve aérienne. Volodymyr Zelensky réitère depuis plusieurs jours son appel à la trêve dans les airs et en mer en Ukraine. «Les premières étapes pour établir une paix réelle devraient être de forcer la seule source de cette guerre, c’est-à-dire la Russie, à mettre fin à de telles attaques», avait écrit vendredi le président ukrainien dans un message sur X, en demandant une «interdiction» de l’usage «de missiles, de drones à longue portée et de bombes» aériennes.
L’attaque survient également à quelques heures d’une visite à Moscou du secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Feridun Hadi Sinirlioğlu, qui doit s’entretenir ce mardi avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. «Ce n’est pas la première visite à Moscou d’une délégation internationale de haut niveau qui est accompagnée par une attaque de drones des forces ukrainiennes», a écrit sur Telegram Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe. De tels actes, a-t-elle estimé, privent l’OSCE de son «sens initial, celui d’assurer la sécurité et la coopération en Europe».
Si l’Ukraine et la Russie envoient quotidiennement des dizaines de drones vers leurs territoires respectifs, la capitale russe est elle-même rarement touchée. Fin décembre, une attaque massive de drones ukrainiens avait endommagé des immeubles et forcé des évacuations dans la ville de Kazan, dans le centre de la Russie.
Mis à jour à 9 h 24 avec la réaction de l’Ukraine ; à 10 h 35 avec la réaction du Kremlin ; à 12 h 05 avec le bilan porté à 3 morts.