Alors que le nouveau ministre de la Défense, Andreï Belooussov, prend possession de ses quartiers, le haut commandement militaire russe continue d’être secoué par des arrestations. Ce mardi, les médias russes ont annoncé que le général Ivan Popov, ex-commandant de la 58e armée, a été placé en détention, le 17 mai, pour «soupçon de fraude à grande échelle». Selon plusieurs chaînes Télégram pro-guerre, Popov, ainsi qu’un homme d’affaires de Krasnodar et un autre officier, sont accusés d’avoir revendu 2 000 tonnes de métal reçues sous forme d’aide humanitaire et destinées à la construction de fortifications sur le front ukrainien. Le général ne reconnaît pas sa culpabilité, a fait savoir son avocat à l’agence TASS.
Le général Popov s’est rendu célèbre l’été dernier, quand il a fait en public une petite lessive du linge sale de l’armée russe : dans un message audio adressé à ses subordonnés, ses «chers gladiateurs», le commandant au nom de code «Spartak» expliquait avoir été démis de ses fonctions après avoir franchement critiqué le haut commandement et sa façon de mener la guerre en Ukraine. «Je devais soit me taire, soit être lâche et dire ce qu’ils voulaient entendre. […] Je n’avais pas le droit de mentir en votre nom, au nom de tous nos amis morts au combat […] J’ai appelé les choses par leur nom», avait martelé Popov. Le chef de l’état-major général, Valeri Guerassimov, n’avait pas apprécié. Accusant le trublion d’alarmisme et de chantage, il l’avait envoyé ronger son frein sur une base militaire russe en Syrie.
Interview
En quelques semaines, c’est la troisième affaire pénale d’envergure concernant des militaires russes de haut rang. Le 24 avril, le tribunal de Moscou plaçait en détention le vice-ministre de la Défense Timour Ivanov, pour une durée de deux mois. Inculpé de «prise de pots-de-vin à grande échelle», soit 1 milliard de roubles, selon l’enquête, il encourt jusqu’à quinze ans de prison. Le 14 mai, c’est le chef du département du personnel du ministère de la Défense, Youri Kouznetsov, qui avait été interpellé, également dans une affaire d’importants pots-de-vin.
L’ancien ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, démis de ses fonctions lors du dernier remaniement, après l’investiture de Vladimir Poutine, le 12 mai, n’a pas commenté ces interpellations et accusations.