Toute la journée, les observateurs de la Russie ont traqué des signes, guetté des motifs d’espoir dans un pays qui en offre si peu. Certains de ces indices étaient infimes, d’autres trompeurs. Sur le site Flightradar24 qui recense les vols, des internautes remarquaient qu’un avion du gouvernement russe déjà utilisé pour un transfert de prisonniers était en route vers l’enclave de Kaliningrad. D’autres pointaient du doigt plusieurs appareils en route vers la Turquie. L’envie de croire à une bonne nouvelle s’est renforcée quand les avocats de nombreux prisonniers politiques russes ont fait savoir que leurs clients avaient été déplacés de leurs cellules habituelles. Certains, comme le dissident Vladimir Kara-Mourza, condamné à une peine de vingt-cinq ans pour avoir critiqué le régime de Poutine, ou la journaliste Maria Ponomarenko, condamnée à six ans d’emprisonnement pour «désinformation», ne se sont pas présentés à une énième audience judiciaire prévue ce 1er août.
Et puis à 16 h 03, enfin, le soulagement. Alors que des images floues d’avions posés sur le tarmac d’Ankara circulaient sur les réseaux sociaux, la Turquie a annoncé officiellement l’échange de 26 prisonniers entre la Russie et plusieurs pays occidentaux. Peu à peu, leurs noms ont été rendus publics. Le Kremlin a accepté de laisser partir - et gracié - le