Les Russes votent ce dimanche 17 mars pour le troisième et dernier jour d’un scrutin sur mesure destiné à réélire triomphalement Vladimir Poutine, l’opposition ayant été éradiquée et le Kremlin présentant l’union nationale comme un devoir patriotique, en pleine guerre contre l’Ukraine. De premières estimations et les résultats d’un sondage d’un institut étatique, Vtsiom, devraient être connus peu après la fermeture des derniers bureaux de vote à 20 heures (heure française) dans l’enclave de Kaliningrad.
L’issue du scrutin, dans lequel Vladimir Poutine, 71 ans, fait face à trois candidats triés sur le volet et sans envergure, ne fait aucun doute. L’opposition a été décimée par des années d’une répression qui s’est encore accélérée avec le conflit en Ukraine, toile de fond de ces élections.
Les principaux détracteurs de Vladimir Poutine sont en effet soit morts, soit en prison, soit en exil, une répression qui a culminé avec le mystérieux décès d’Alexeï Navalny dans une prison d’une contrée reculée de l’Arctique russe. Le maître du Kremlin, au pouvoir depuis vingt-quatre ans, peut en outre compter sur une popularité bien réelle. Il voit l’élection comme une démonstration d’unité des Russes derrière lui. «Il nous faut confirmer notre unité et détermination à aller de l’avant», a-t-il martelé jeudi.
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Si les opposants n’ont aucune chance de peser sur le vote, ils veulent néanmoins montrer qu’ils existent, comme lors des obsèques de Navalny lorsque des foules lui ont rendu hommage à Moscou. Ioulia Navalnaïa, qui a promis malgré son exil de reprendre le flambeau de son défunt mari, a appelé ses partisans à aller aux urnes au même moment, à midi ce dimanche (10 heures heure française), et donner leur voix à n’importe quel candidat autre que Poutine. Elle s’est elle-même présentée dimanche devant l’ambassade de Russie à Berlin pour voter. Les autorités de Moscou, elles, ont mis en garde contre toute forme de protestation.
Hormis quelques incidents isolés, les premiers jours de vote se sont déroulés sans accroc : peinture versée dans des urnes, tentatives d’incendie… Mais les motifs précis de ces actes n’ont pas été révélés. Selon l’ONG OVD-Info, organisation spécialisée dans le suivi de la répression, au moins 74 personnes arrestations pour avoir protesté lors de la présidentielle. Les arrestations ont eu lieu principalement à Kazan, dans le centre de la Russie, et à Moscou. L’ONG précise que ce chiffre pourra être revu à la hausse, à mesure que lui parviennent de nouveaux noms.
Tentatives d’incursion
Sur le front de la guerre, ce dimanche, une nouvelle attaque de drones a été imputée à l’Ukraine, provoquant l’incendie d’une raffinerie dans le sud de la Russie, les autorités régionales faisant état d’un mort après une crise cardiaque. Poutine a juré vengeance vendredi, alors que ces attaques interviennent en réplique aux bombardements quotidiens de l’Ukraine par la Russie depuis le 24 février 2022.
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Toute la semaine, l’armée russe a aussi dit repousser des tentatives d’incursions armées depuis l’Ukraine voisine dans les régions de Belgorod et Koursk, des assauts revendiqués par des unités anti-Poutine se disant composées de Russes. Samedi encore, l’un de ces groupes, «Légion liberté de la Russie», a appelé les civils à évacuer la ville de Belgorod : «Vous n’êtes pas obligés d’être les boucliers humains de Poutine.» En outre, plusieurs personnes sont mortes dans ces régions ces derniers jours dans des attaques de drones, de roquette et d’artillerie, même si la défense antiaérienne russe semble en mesure d’abattre l’essentiel des projectiles. L’armée russe a par ailleurs annoncé ce dimanche avoir détruit dans la nuit 35 drones ukrainiens volant au-dessus de plusieurs régions de la Russie, dont celle de Moscou, un chiffre particulièrement élevé.
Mise à jour : à 15 h 50 avec la présence de Ioulia Navalnaïa à Berlin et le nombre d’arrestations.