Réputés pour leur activité volcanique depuis l’Antiquité, les champs Phlégréens – situés à quelques kilomètres de Naples – sont actuellement touchés par un «essaim sismique», une succession de secousses de faible magnitude. Moins célèbre que le mythique Vésuve, cet ensemble de plusieurs petits volcans suscite néanmoins l’inquiétude après deux séismes en quelques jours. Aldo Zollo, professeur de géophysique à l’université de Naples, analyse pour Libération les causes et les risques de ce phénomène.
Quelle est la cause de cette forte activité sismique ?
Tout d’abord, cette région volcanique est une «caldera» : une grande dépression dans la baie de Pozzuoli, à l’ouest de Naples, à l’intérieur de laquelle il y a plusieurs petits volcans. Les hautes températures et les flux des gaz provenant de la chambre magmatique profonde sont à l’origine du soulèvement du sol, ce qu’on appelle «bradyséisme». En d’autres termes, un «mouvement lent» de remontée et de descente du sol. Il y a environ quarante ans, il y a eu une déformation avec un soulèvement de 1.80 mètres dans la ville de Pozzuoli - sur deux ans -, qui a produit des dizaines de milliers de séismes, sans qu’il n’y ait eu d’éruption.
Après une période de lente descente - depuis 2005 - le sol s recommencé sa montée, en atteignant plus de 1.10 mètres, sur une période de 18 ans. Et, depuis le début de l’année, le sol remonte à une vitesse de 15 mm par mois environ. Ce sont les mécanismes de ces déformations qui sont à l’origine des pressions sur la croûte terrestre. Lorsque ces pressions dépassent un certain seuil, des tremblements de terre ont lieu.
Quels sont les risques ?
L’activité des volcans engendre donc un risque sismique, en plus du risque volcanique associé à une éventuelle éruption. La première est celle qui représente actuellement un vrai souci pour la population. Selon les paramètres géophysiques et géochimiques contrôlés en permanence par l’Institut national de géophysique et volcanologie (INGV), il n’y a pas d’indices de remontée ou présence de magma proche de la surface et, ils ne suggèrent donc pas une éruption imminente.
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Mais le problème est que l’activité sismique intense avec des secousses fréquentes provoque de fortes vibrations sur les bâtiments et cela peut produire des endommagements plus ou moins sérieux sur le long terme. La priorité actuelle de la protection civile et des communes est de vérifier que les bâtiments résistent bien à cette activité.
Avez-vous repéré des structures abîmées ?
Après les séismes de magnitude les plus importants (4 et 4.2), qui se sont produits récemment, les immeubles ont été vérifiés par les spécialistes et aucun dommage important n’a été signalé, seul un bâtiment – situé à l’épicentre du séisme majeur — a été en partie évacue par mesure de précaution. En général, la réponse des constructions pour des séismes de cette ampleur est rassurante. Le problème scientifique actuel est la possibilité que des séismes plus forts aient lieu.
Quelles sont les probabilités d’avoir des secousses plus fortes ?
Pour l’heure, on estime qu’une magnitude maximale de 5 est possible, selon les estimations de l’INGV. Cette valeur est basée sur l’analyse des catalogues des séismes historiques de la région qui remontent au XIII et XVIe siècles et qui avaient provoqué des dégâts dans les villages habités. Des analyses des données sismiques de ces dernières années sont en cours. Ces études utilisent des méthodes statistiques pour identifier les failles qui pourraient produire des tremblements de terre majeurs dans la caldera.