Menu
Libération
Reportage

«Si on ne résiste pas collectivement, on sera tous à la rue» : à Madrid, des habitants mobilisés contre la spéculation immobilière

Article réservé aux abonnés
Dans le quartier populaire de Lavapiés, un immeuble est menacé de rachat par Elix Rental Housing, fonds vautour, faisant craindre l’expulsion aux locataires. Leur mobilisation, qui ratisse au-delà de l’édifice, est symbolique de la gentrification de la capitale espagnole.
Au 22 de la rue Galileo, une cinquantaine de personnes ont aussi été priées de quitter l'immeuble. (Sindicatos de Inquilinas e Inquilinos de Madrid)
publié le 17 mars 2024 à 19h38

Quelque 300 sympathisants réunis derrière le slogan «#NosQuedamos» (Nous restons) ; une ruelle coupée à la circulation dans laquelle ont été installés un réchaud et des tables de cuisine ; le célèbre clown d’origine italienne Leo Bassi déguisé en canard pour moquer «les spéculateurs» ; des musiciens entonnant un air que la petite foule reprend à tue-tête… C’est jour de fête dans le quartier cosmopolite de Lavapiés, dans le centre de Madrid. Plus précisément la typique rue Tribulete, avec ses kebabs, ses magasins d’habits d’occasion et ses boutiques de téléphonie tenues par des Sud-Asiatiques. Sur les quatre étages du numéro 7, on peut lire «Elix, fonds vautour, non à la spéculation !»

La musique et l’ambiance festives, ainsi que les chaleureux témoignages de solidarité, dissimulent à peine la crainte partagée des 54 familles qui vivent dans cet édifice ocre de quatre étages : se voir purement et simplement expulsés. La vie s’y écoulait paisiblement jusqu’à ce que, en janvier, ces mêmes locataires apprennent que le bâtiment a été vendu à un fonds vautour, Elix Rental Housing, lui-même propriété de la multinationale immobilière AltamarCAM. «On l’a su presque par hasard, témoigne Cristina Gómez, scénariste, qui y vit depuis 2020 dans un studio pour 600 euros mensuels. Sans rien nous dire, les quatre frères qui ont hérité de cet édifice ont manigancé avec Elix pour le leur vendre, certainement à prix d’or. Depuis, on se mobilise comme on peut car on sait t