L’affaire avait fait beaucoup de bruit en août 2019 et pourrait bien envoyer Matteo Salvini, son principal responsable, en prison. Samedi 14 septembre, des procureurs ont requis une peine de six ans d’emprisonnement à l’encontre de celui qui est aujourd’hui vice-Premier ministre d’Italie et qui fut, à l’époque des faits, ministre de l’Intérieur. Il lui est reproché d’avoir empêché 147 migrants, entassés pendant dix-neuf jours sur un navire de l’ONG Open Arms, de débarquer en Italie.
Matteo Salvini, qui fait partie de la coalition de la Première ministre d’extrême droite, Giorgia Meloni, est jugé depuis octobre 2021 pour privation de liberté et abus de pouvoir. «L’accusation a demandé que l’ancien ministre de l’Intérieur Salvini soit condamné à six ans de prison», a déclaré à l’AFP l’avocat d’Open Arms, Arturo Salerni, alors que les débats touchent à leur fin. Le verdict devrait être rendu le mois prochain, a-t-il ajouté.
Trois semaines en mer
En août 2019, le navire d’Open Arms, une ONG espagnole, était resté bloqué en mer pendant près de trois semaines avant que les migrants ne soient finalement autorisés par la justice à débarquer sur l’île italienne de Lampedusa. Les membres d’Open Arms avaient assuré que l’état physique et mental des migrants avait atteint un point critique lorsque les conditions sanitaires à bord étaient devenues désastreuses, notamment en raison d’une épidémie de gale. Salvini, chef du parti anti-immigration de la Ligue et ministre de l’Intérieur à l’époque, avait estimé que «la situation n’était pas dangereuse» à bord du navire.
En 2019, alors qu’il participait au gouvernement de Giuseppe Conte, il avait mis en œuvre la politique dite des «ports fermés» en vertu de laquelle l’Italie refusait l’entrée aux navires humanitaires qui secouraient les migrants en Méditerranée. Une grande partie du procès a consisté à déterminer si la responsabilité de cette affaire incombait au gouvernement de Conte ou à Matteo Salvini seul.
Au moment de résumer son réquisitoire, le procureur Geri Ferrara, du tribunal de Palerme, a estimé «qu’un principe clef n’est pas discutable : entre les droits de l’homme et la protection de la souveraineté de l’Etat, les droits de l’homme doivent prévaloir».
«Je le referais si j’avais à le refaire»
Matteo Salvini n’était pas présent à l’audience mais il avait auparavant fanfaronné sur Facebook : «Je le referais si j’avais à le refaire : défendre les frontières contre les migrants illégaux n’est pas un crime.» Sur X, la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, lui a aussi apporté son soutien samedi : «Il est incroyable qu’un ministre de la République risque six ans de prison pour avoir fait son travail en défendant les frontières de la nation, comme l’exige le mandat qu’il a reçu de ses concitoyens.»
Marine Le Pen aussi y est allée de son soutien, samedi soir, en dénonçant sur X «un véritable harcèlement judiciaire visant à le faire taire». «Nous sommes solidaires et plus que jamais à tes côtés Matteo», a-t-elle aussi affirmé, fustigeant une peine «d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe».