Sur l’étroit sentier forestier trempé de rosée gît une crotte d’ours. Roman Trizna, ranger du Parc national des Tatras depuis dix-sept ans, est formel : «Elle est de ce matin. Les ours aiment venir boire tôt dans cette vallée.» En Slovaquie, les plantigrades sont chez eux. La faible densité du pays et sa géographie, tout en bosses et en grandes forêts dans sa partie centrale, leur offrent un habitat idéal. Quasi exterminés dans les années 30, les ours ont peu à peu regagné du terrain. Beaucoup trop même, au goût des associations de chasseurs et du Parti national slovaque (SNS).
Alors, quand cette formation d’extrême droite est entrée au gouvernement à l’automne dernier, en coalition avec le Smer du Premier ministre Robert Fico, elle a fait des ours un symbole et une priorité. «Les groupes écologistes extrémistes ont transformé la Slovaquie en un musée à ciel ouvert, où personne n’ose plus se déplacer normalement», a clamé Tomás Taraba, le ministre de l’Environnement issu du SNS, bien décidé à réduire la population des ursidés.
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Au fond de la vallée Tichá où clapote une eau claire, les ours vivent encore en paix. En contrebas des crêtes qui séparent la Slovaquie de la Pologne, ils laissent des traces un peu partout, pour qui sait les lire. Ici, des sapins à l’écorce arrachée à coups de griffes e