Menu
Libération
Edifiant

Soixante femmes accusent le ministère de la Défense britannique de sexisme et de harcèlement

Le ministère de la Défense britannique est accusé par une soixantaine de ses fonctionnaires d’avoir laissé prospérer une culture «toxique» et de harcèlement envers les femmes de la part de leurs collègues masculins, rapporte ce vendredi 17 novembre «The Guardian».
Le Scotland Office et le ministère de la Défense à Whitehall, au centre de Londres, en 2021. (Justin Tallis /AFP)
publié le 17 novembre 2023 à 15h35
(mis à jour le 17 novembre 2023 à 15h35)

«J’évite de marcher seule dans l’un des principaux couloirs du quartier général du ministère de la Défense. Les groupes d’hommes qui me fixent sont horribles. […] Certains poussent même des cris de loup» ; «Un officier militaire m’a dit qu’il n’y avait que deux sortes de femmes dans la Défense : les salopes, qui étaient efficaces, et les mamans, qui étaient complètement inutiles.» Des témoignages anonymisés, qui accusent le ministère de la Défense britannique de laisser prospérer une culture «toxique» et de harcèlement envers les femmes, il y en a des dizaines. Une lettre, qui recense ces témoignages, a été envoyée à la hiérarchie le mois dernier. Le média The Guardian, qui a réussi à y avoir accès, a révélé ce vendredi 17 novembre son contenu.

Le constat est alarmant : attouchements, regards insistants, remarques sexistes. L’environnement de travail de cette soixantaine de femmes est décrit comme étant empreint de violence et déconnecté de la réalité : «Notre travail quotidien est rendu difficile par des comportements qui seraient considérés comme toxiques et inappropriés dans la vie publique, mais sont tolérés au sein du ministère de la Défense», est-il écrit dans la lettre.

Seulement la «partie émergée de l’iceberg»

Entre objectification et domination, les témoignages, récents pour la plupart d’entre eux, sont tous aussi terrifiants les uns que les autres : une haute fonctionnaire explique par exemple avoir été «touchée à plusieurs reprises au niveau du bas du dos et des jambes» par un collègue masculin qui n’a jamais été puni. Une autre se souvient d’un tableau Excel, tenu par groupes d’officiers militaires, dans lequel les femmes étaient évaluées en fonction de «leur apparence et de ce qu’ils pensaient qu’elles feraient au lit». Toutes ces affirmations ne seraient qu’un «échantillon», la «partie émergée de l’iceberg», d’après le courrier.

Plus encore, toutes affirment que des plaintes et rapports sur ces sujets ont «généralement été minimisés plutôt qu’entendus». Selon les autrices de la lettre, les problèmes soulevés ne sont pas anciens mais «actuels». Ces accusations envers une institution britannique sont loin d’être les premières. Ces dernières années, la police londonienne, les pompiers ou encore, le Parlement ont tous été accusés d’avoir prospéré une culture sexiste et des actes de harcèlement moral et sexuel envers les femmes.

«Chacun a le droit à être traité avec dignité et respect sur son lieu de travail»

A cette déferlante de témoignages, le ministère de la Défense a tenté d’apporter une réponse : «Aucune femme ne devrait se sentir en danger dans la Défense, et ces comportements ne seront pas tolérés.» En plus de cela, il a assuré agir pour «résoudre les problèmes profondément préoccupants soulevés» par cette lettre, tout en encourageant d’autres potentielles victimes à témoigner.

De son côté, le syndicat de la fonction publique FDA a réclamé une enquête immédiate sur ces allégations. Sur Twitter (renommé X), il a apporté son soutien aux victimes : «Les récits des expériences vécues par ces femmes sont profondément inquiétants. Chacun a le droit à être traité avec dignité et respect sur son lieu de travail.»