Alors que la Russie grignote du terrain en Ukraine et que sa rhétorique agressive à l’égard de l’Occident laisse craindre une extension du conflit, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, réunis durant deux jours pour un «Sommet de guerre», ont affiché leur détermination à «intensifier» leur aide militaire à Kyiv et, surtout, se sont donné les moyens d’accélérer leur propre réarmement. Le «sursaut» a donc eu lieu, comme le souhaite Emmanuel Macron, qui martèle le même message depuis le 16 février. Mais si le sentiment d’urgence est unanimement partagé, la lenteur proverbiale de l’Europe, due aux intérêts nationaux divergents de ses Etats membres – industriels, stratégiques, politiques – ne font pas les affaires d’une armée ukrainienne épuisée et dramatiquement en manque d’obus et de missiles. «L’Ukraine peut tomber très vite», aurait d’ailleurs mis en garde le chef de l’Etat lors d’un dîner avec les membres de sa majorité, mercredi soir…
L’Ukraine et le passage en économie de guerre des industries de défense européenne sont tellement mêlés que les Vingt-Sept ont traité les deux sujets ensemble et, symbole de la gravité du moment, sont parvenus à ne pas se chamailler et à boucler le sujet en un temps record. Mieux, Emmanuel Macron a pu livrer son analyse sur les appétits russes et expliciter l