Le chantier s’entend plus qu’il ne se voit, accolé au canal où s’enchaînent les immeubles aux lignes nordiques qui coupent Copenhague en deux. Les bruits sourds des travaux n’empêchent pas les habitants de la capitale du Danemark de venir piquer une tête et se prélasser sur les berges de l’Inderhavnen (port intérieur, en danois). De l’autre côté de la palissade, les ouvriers en sueur plongent dans la fraîcheur sèche d’un gouffre creusé en plein cœur de la ville.
Perchée sur l’échafaudage qui commence au niveau de la mer, Louise Grondahl, spécialiste des questions d’adaptation climatique à Hofor, l’opérateur public de l’eau de la région, met en garde : «Attention, c’est vertigineux !» avant d’entamer la descente. Il faut quelques secondes d’acclimatation aux yeux pour que le trou noir révèle son fond, 20 mètres plus bas. Alors que les orages accompagnés de pluies diluviennes deviennent de plus en plus fréquents, le tunnel de Kalvebod Brygge incarne la réponse de Copenhague à ce défi provoqué par le dérèglement climatique.
«Pluie du siècle»
Les rues de la capitale noyées, des vagues provoquées par le passage des voitures et des caves entièrement inondées : tous les habitants de Copenhague gardent en tête ces images apocalyptiques de l’été 2011, quand une pluie torrentielle, bientôt surnommée «pluie du siècle», s’est abattue sur la capitale. Si elle n’a fait aucune victime, elle a partiellement paralysé la ville et a laissé derrière elle un sillage de dégâts matériels colossaux, estimés à 8