Quand elle monte dans le train Munich-Berlin, le 17 octobre, Elena Kostioutchenko est en parfaite santé. Quelques heures plus tard et 500 km plus loin, elle en ressort trempée d’une sueur à l’odeur de «fruit pourri», complètement désorientée, nauséeuse et incapable de se concentrer à cause d’un mal de tête tenace. Ce n’est ni le Covid-19, ni un autre virus, ni une intoxication alimentaire. Le diagnostic tombe deux mois après le début des symptômes : c’est sûrement un empoisonnement. D’autres analyses doivent être faites pour le confirmer.
Sa première réaction est d’en rire, impossible d’y croire. La journaliste russe se trouve en Allemagne, elle devrait être en sécurité. Et pourtant, elle a bien été la cible d’une tentative d’empoisonnement. Le mardi 15 août, la reporter a retracé son parcours dans un long récit publié sur le site d’information indépendant russe Meduza. Dans un communiqué publié le lendemain, Reporters sans frontières a dénoncé «cette attaque odieuse» et a appelé «les Etats européens, en particulier l’Allemagne, à agir pour garantir la