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Libération
Alliance militaire

Sur le nucléaire et les missiles, la France et le Royaume-Uni renforcent encore leur entente martiale

Avant un sommet ce jeudi 10 juillet, Paris et Londres ont prévenu «qu’il n’existe aucune menace extrême sur l’Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays».
Keir Starmer et Emmanuel Macron lors de leur visite au British Museum à Londres, mercredi 9 juillet 2025. (Ludovic Marin/POOL. REUTERS)
publié le 10 juillet 2025 à 8h17

Cinq ans après le Brexit, la France et le Royaume-Uni vont encore renforcer d’un cran ce jeudi 10 juillet leur alliance militaire, en particulier sur le volet nucléaire, et afficher leur détermination à défendre leurs alliés européens, à l’occasion de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron.

Un sommet bilatéral franco-britannique, présidé par le président français et le Premier ministre Keir Starmer, se tiendra à Downing Street dans la matinée, avant que les deux dirigeants ne se rendent à Northwood, principal centre de commandement des opérations militaires britanniques.

Les deux dirigeants vont acter un rapprochement d’ampleur en matière de dissuasion nucléaire, en signant une déclaration stipulant que leurs moyens respectifs pourront «être coordonnés», ont fait savoir mercredi soir le ministère britannique de la Défense et l’Elysée.

La souveraineté des deux pays - seuls à disposer du feu nucléaire en Europe - restera entière, mais «tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France, pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations», selon les mêmes sources.

Cette affirmation va bien plus loin que le principe en vigueur depuis la déclaration conjointe dite de «Chequers» il y a trente ans. Celle-ci stipulait le principe «d’intérêts vitaux» partagés mais sans évoquer clairement la mobilisation d’une réponse nucléaire en cas de menace. En outre, «un groupe de supervision nucléaire» sera créé, coprésidé par l’Elysée et le Cabinet Office britannique.

«Une réponse des deux pays»

Par ailleurs, les deux Etats stipulent «qu’il n’existe aucune menace extrême sur l’Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays», sans préciser la nature de cette réponse. Un message clair en destination de Moscou, quand plusieurs pays de l’est de l’Europe craignent de possibles velléités expansionnistes russes. L’UE et le Royaume-Uni étaient «plus forts» ensemble, a d’ailleurs affirmé mercredi soir le président français Emmanuel Macron lors d’un discours à la City de Londres.

Outre le volet nucléaire, Keir Starmer et Emmanuel Macron doivent aussi annoncer une accélération du programme conjoint de missiles de croisière Scalp /Storm Shadow, avec de nouvelles commandes à la clé pour le groupe MBDA, ainsi qu’une nouvelle phase du projet de futurs missiles de croisière et de missiles antinavires, dont le développement s’était quelque peu enlisé.

Les accords de Lancaster House qui encadrent la coopération militaire bilatérale depuis 2010 avaient entériné la création d’une force expéditionnaire conjointe franco-britannique. Celle-ci devrait être la base de la «coalition des volontaires» lancée par Paris et Londres début 2025, et qui réunit une trentaine de pays engagés dans le renforcement des capacités de défense de l’Ukraine.

Au-delà de la défense, Keir Starmer et Emmanuel Macron sont aussi attendus ce jeudi sur l’immigration, sujet hautement important pour le gouvernement travailliste, qui fait face à des arrivées records de migrants en bateau par la Manche depuis le début de l’année. Lors d’un entretien mercredi à Downing Street, les deux dirigeants se sont engagés à réaliser des «progrès concrets».

Ce dossier épineux est régulièrement source de tension entre Paris et Londres, la France affirmant que les possibilités de travailler sans papiers au Royaume-Uni rendent le pays particulièrement attractif auprès des migrants.

De son côté, le Royaume-Uni voudrait que son voisin en fasse plus pour empêcher les départs de bateaux de ses côtes, alors qu’il a versé plus de 750 millions d’euros depuis 2018 pour financer les forces de l’ordre françaises.