Un sifflement strident perce soudainement le brouhaha de Venise. Le baigneur interpellé rejoint immédiatement la rive de cette plage centrale de Kyiv, sur une île sur le Dniepr. «C’est bien, Monsieur», commente sobrement Mikhailo, 21 ans, maître-nageur sauveteur. Short rouge, lunettes de soleil disproportionnées, sifflet accroché à la nuque : l’étudiant à l’Institut polytechnique de Kyiv joue son rôle estival depuis le poste de guet, façon Alerte à Malibu. «Toujours avoir les yeux sur l’eau, répète-t-il plusieurs fois. Officiellement, il n’est pas recommandé de se baigner, car la saison n’est pas ouverte à cause de la guerre. Rien à voir avec les mines. Ici, il y a vraiment une chance sur cent de mourir à cause de cela.» La baignade dans les eaux troubles du fleuve est tolérée à condition que les nageurs restent à proximité de la terre ferme. Les enfants pataugent pendant que quelques Kyiviennes, en maillots de bains échancrés, prennent les poses les plus populaires des réseaux sociaux.
Chansons pop et sirènes antiaériennes
Ludmila, casquette rose enfoncée sur la tête, retouche son maquillage avant de s’allonger à côté d’Alyona, son amie d’enfance. Les deux femmes fument cigarette sur cigarette tandis que les rayons du soleil frappent leur épiderme encore blême. «On vient à la plage pour ne pas déprimer. Cela ne veut pas dire que l’on n’est pas conscientes de la situation, mais on doit continuer à vivre», explique Ludmila en baissant le volume des chansons de pop ukrainiennes di