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Déluge

Tempête Boris en Europe centrale : le bilan s’alourdit à 23 morts et plusieurs disparus

Depuis samedi, la tempête Boris ravage une partie de l’Europe centrale. Ce mercredi 18 septembre, une nouvelle victime a été signalée en République Tchèque.
Une rue inondée à Opava, en République tchèque, dimanche. (Michal Cizek/AFP)
publié le 16 septembre 2024 à 12h55
(mis à jour le 18 septembre 2024 à 15h10)

L’Europe centrale n’en a pas fini avec la tempête Boris et le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Ce mercredi, la police tchèque a annoncé avoir trouvé une quatrième victime dans le pays. Cette annonce alourdit le bilan à au moins vingt trois morts. La tempête, qui sème la dévastation depuis vendredi, a provoqué des coupures massives d’électricité, des ruptures du réseau de transport et des évacuations massives d’habitants dans plusieurs pays.

Cinq victimes et des communes coupées du monde en Autriche

L’Autriche avait d’ores et déjà annoncé quatre décès : la mort d’un pompier dimanche, et de trois hommes, respectivement âgées de 40-50 ans, de 70 et 80 ans. «Deux personnes de 70 et 80 ans ont été retrouvées mortes dans la nuit de dimanche à lundi», a indiqué la police. Mardi, une cinquième personne a été retrouvée morte dans la région de Basse-Autriche frontalière de la République tchèque, une «femme de 81 ans», d’après un porte-parole de la police de la région. Douze digues ont rompu, 13 communes sont encore coupées du monde et environ 2 000 hommes sont mobilisés pour sauver ceux qui sont menacés.

La Basse-Autriche est la région du pays la plus touchée par la tempête et a été classée en zone de catastrophe naturelle. Avec 1,72 million d’habitants, c’est la plus peuplée d’Autriche après Vienne. «Les hydrologues prévoient des pluies extrêmement fortes dans les prochaines heures, jusqu’à 60 millimètres», a prévenu dimanche son vice-gouverneur Stephan Pernkopf. Près de 5 000 interventions ont eu lieu durant la nuit de samedi à dimanche en Basse-Autriche. Dès mercredi, le chancelier autrichien Karl Nehammer avait réuni une réunion de crise et la ministre de la Défense a déclaré que «jusqu’à un millier de soldats» pourraient être déployés en renfort des pompiers.

Dans les zones montagneuses de l’ouest de l’Autriche, la neige entrave la circulation sur plusieurs axes et les secours recherchent un homme porté disparu après une avalanche samedi. Le Tyrol est recouvert par endroits d’une couche pouvant aller jusqu’à un mètre, situation exceptionnelle à la mi-septembre, tandis que des températures au-dessus de 30 °C étaient enregistrées la semaine dernière. Alors que le «pic n’est pas encore atteint» selon le chancelier Karl Nehammer, dans la région de Styrie, 4 000 foyers étaient sans électricité et une partie du nord-est du pays a été classée en zone de catastrophe naturelle.

Quatre décès confirmés en République tchèque

En République tchèque, le chef de la police a confirmé, dès lundi, le premier décès d’une personne «qui s’est noyée dans la rivière Krasovka près de Bruntal» dans le nord-est du pays. Deux autres décès ont été annoncés le même jour par les autorités. Ce mercredi 18 septembre, la police tchèque a annoncé qu’elle avait trouvé une quatrième victime sur son territoire. Cette femme du village de Kobyla nad Vidnavkou, dans le nord-est, était portée disparue depuis dimanche matin. L’agence de presse CTK a précisé que la victime avait été retrouvée coincée dans une clôture près de sa maison, qui avait été détruite par la rivière Vidnavka.

Huit personnes sont toujours activement recherchées, a par ailleurs renseigné ce mercredi le porte-parole de la police tchèque, Jakub Vincalek.La situation est particulièrement grave dans la zone frontalière avec la Pologne, où une grande partie de la ville d’Opava a été évacuée en raison du débordement de la rivière Opava. Dans le sud du pays, un barrage a débordé dimanche et l’eau a inondé des villes et des villages situés en aval.

Sept morts et des millions de foyers touchés en Roumanie

Pour le moment, la Roumanie a payé le plus lourd tribut. Après le décès de quatre personnes samedi dans la région la plus sinistrée, celle de Galati, au sud-est du pays, où des milliers de foyers sont touchés, le bilan s’est alourdi dimanche avec deux autres victimes retrouvées mortes et un disparu. Le ministère roumain de l’Intérieur a fait état de «plus de 5 000 ménages et plus de 15 000 personnes touchées dans les comtés de Galati et de Vaslui».

A Slobozia Conachi, il est impossible d’évaluer à ce stade l’étendue du désastre, selon le maire Emil Dragomir, évoquant 750 maisons affectées et lançant un appel aux dons pour des dizaines d’enfants sinistrés. Dans le village voisin de Pechea, plus d’un tiers de la commune a été ravagé, assure le maire Mihai Mancilan, «y compris les terres agricoles». «Maintenant que l’eau a reflué, ce n’est plus que de la boue», dit-il encore.

Sept morts en Pologne, l’état d’urgence déclaré

En Pologne, le barrage de Paczków a cédé lundi et l’eau se déverse dans une autre étendue d’eau déjà pleine. Alors que la ville est à un kilomètre du lac, en contrebas, le maire a annoncé l’évacuation des zones de la ville les plus menacées. Dans certaines villes polonaises, l’eau commence à baisser, faisant apparaître destructions et désolation : rues jonchées de débris, vitres brisées, lampadaires cassés.

Dimanche, les eaux ont débordé au-dessus des digues dans les villes de Glucholazy et Ladek Zdroj, dans le sud-ouest du pays. Quelque 1 600 personnes ont dû être évacuées dans la région voisine de Klodzko et des centaines de milliers de foyers restaient sans courant électrique dimanche matin. Ce mardi, les autorités polonaises ont annoncé que la tempête avait fait trois nouvelles victimes. Quatre personnes avaient été retrouvées mortes lundi, selon la police polonaise. «Nous avons quatre décès sur les terrains touchés par la catastrophe», a déclaré Katarzyna Nowak, porte-parole de la police polonaise, indiquant cependant que les causes exactes des décès devaient encore être précisées.

En conséquence, le Premier ministre polonais a annoncé, ce lundi, une aide immédiate d’un milliard de zlotys, soit 234 millions d’euros, aux régions polonaises sinistrées. «Pour l’heure, nous avons provisionné une réserve d’un milliard de zlotys pour les localités et les personnes touchées par les inondations», a déclaré Donald Tusk à la presse. Dimanche, il annonçait l’état d’urgence dans le pays et sollicitait l’aide de l’Union européenne.

Ce week-end, plusieurs scientifiques ont appuyé le rôle du changement climatique dans cette catastrophe. Selon l’agroclimatologue Serge Zaka, s’il n’est pas responsable de la formation même de la dépression, il joue un rôle dans l’ampleur et l’intensité des pluies.

Mais le scientifique alerte aussi sur les conséquences de ces inondations sur l’agriculture. Selon lui, «les plaines inondables […] entourées de massif montagneux», aggraveraient «l’effet d’accumulation». L’agriculture de ces pays pourrait perdre beaucoup alors que plusieurs champs n’ont pas encore été récoltés. Cela pourrait avoir des impacts sur les autres pays d’Europe alors que la Pologne, par exemple, est le troisième producteur de céréales de l’Union européenne.

Mise à jour : mercredi à 15 h 10 avec nouveau bilan ; mardi à 20 h 48 avec nouveau bilan ; lundi à 16 h 52, avec la rupture d’un barrage en Pologne ; mercredi à 15 h 00 avec un nouveau bilan