Près de dix millions de tonnes. Un groupe minier norvégien a annoncé jeudi 6 juin une nouvelle estimation de la quantité de terres rares disponibles sur le site de Fensfeltet. Selon Rare Earths Norway, ce gisement situé au sud-est de la Norvège contiendrait 8,8 millions de tonnes de ces métaux essentiels à la transition verte, soit nettement plus que celui de Kiruna en Suède, identifié en janvier 2023, et censé en contenir entre 1 et 2 millions de tonnes.
«Après trois ans d’activités de forage intensives et d’analyses, […] une première estimation des ressources minérales […] montre que Fensfeltet est le plus grand gisement d’éléments de terres rares (ETR) en Europe», indique le groupe dans un communiqué. Les estimations, réalisées avec le soutien de la société de conseil canadienne WSP, font état de la présence sur place de, entre autres, 1,5 million de tonnes d’aimants permanents, des matériaux magnétiques utilisés, notamment, dans les voitures électriques et les éoliennes.
A lire aussi
L’extraction minière pourrait commencer en 2030 moyennant un investissement de 10 milliards de couronnes (867 millions d’euros) pour la seule première phase, selon Rare Earths Norway. «L’objectif de Rare Earths Norway est de contribuer à une chaîne de valeur totale et compacte, de la mine à l’aimant, avec un impact climatique et environnemental considérablement réduit», a déclaré son directeur général, Alf Reistad. Les terres rares sont 17 métaux, chimiquement apparentés, aux propriétés magnétiques et optiques les rendant indispensables pour des fabrications de haute technologie et d’électronique. Ces éléments – le scandium, l’yttrium, et le groupe des lanthanides dans le tableau périodique –, sont présents dans les mêmes sols. Verre, céramiques, vernis, lasers, lentilles d’appareils photo ou de télescopes en contiennent.
Échaudée par sa dépendance énergétique envers la Russie avant le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne (UE), dont la Norvège ne fait pas partie, mais avec qui elle entretient des liens étroits, cherche aujourd’hui à s’émanciper dans le domaine des métaux rares. Actuellement, 98 % des terres rares utilisées dans l’UE sont importées de Chine, qui dispose donc d’un quasi-monopole dans le secteur. Aucune mine de terres rares n’est à ce jour en exploitation sur le continent. Leur extraction est très polluante localement.