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Décryptage

TikTok et «délire mystique», les raisons de l’irruption de l’extrême droite à la présidentielle roumaine

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Calin Georgescu, ancien haut fonctionnaire nostalgique de l’époque fasciste, est arrivé en tête du premier tour. Cette victoire surprise s’inscrit sur fond de ras-le-bol des partis traditionnels.
Le candidat pro-russe Calin Georgescu (ici à Bucarest, le 13 novembre 2024, lors d'un débat télévisé) est arrivé en tête avec près de 23% des suffrages lors du premier tour de l'élection présidentielle roumaine, le 24 novembre. (Octav Ganea/via Reuters)
publié le 25 novembre 2024 à 19h49

Dimanche soir, c’est depuis sa maison de la périphérie de Bucarest que Calin Georgescu a remercié les électeurs roumains qui l’ont porté au second tour de l’élection présidentielle, à la surprise générale. Le candidat indépendant, admirateur des fascistes des années 30, est un tel outsider qu’il n’a pas de quartier général de campagne. En octobre, le sondeur Inscop le créditait de 0,4 % des intentions de vote. A quelques jours du scrutin, il tournait encore autour des 5 %. Pourtant, Georgescu a finalement remporté le premier tour, à 22,9 %, devant la réformiste de centre droit Elena Lasconi.

Cette percée fracassante bouscule la politique roumaine. Pour les deux grands partis traditionnels, le PSD (social-démocrate) et le PNL (libéral), c’est une claque. Jamais, depuis le retour à la démocratie, un candidat PSD n’avait raté la qualification au second tour. Cette fois, Elena Lasconi en a privé Marcel Ciolacu, le Premier ministre en exercice, pour moins de 3 000 voix sur plus de neuf millions de votants. La Roumanie, que l’on a longtemps crue épargnée par l’influence russe, vient de placer en tête de la course à la présidentielle un homme qui a construit son succès en prenant le contre-pied du consensus politique autour de l’Union européenne et de l’