Menu
Libération
Réfugiées

Toute femme afghane peut demander l’asile dans l’UE, tranche la justice européenne

En raison des mesures discriminatoires des talibans, l’ensemble des femmes afghanes peuvent obtenir l’asile «uniquement» sur la base de leur sexe et nationalité, a jugé ce vendredi 4 octobre la Cour de justice de l’Union européenne.
Des femmes afghanes dessinent à Mazâr-e Charîf, le 6 août 2023. (Ali Khara/Reuters)
publié le 4 octobre 2024 à 16h14

L’ensemble des femmes afghanes, en raison des mesures discriminatoires à leur encontre par les talibans, peuvent obtenir l’asile «uniquement» sur la base de leur sexe et nationalité, a jugé ce vendredi 4 octobre la justice européenne. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui siège à Luxembourg, répondait à une demande de la Cour administrative autrichienne après le refus par les autorités de reconnaître le statut de réfugiées à deux Afghanes.

«Les autorités compétentes des États membres peuvent considérer qu’il n’est pas nécessaire d’établir que la demandeuse risque effectivement et spécifiquement de faire l’objet d’actes de persécution en cas de retour dans son pays d’origine, selon l’arrêt de la CJUE. La seule prise en considération de sa nationalité et de son sexe est suffisante.»

Qu’il s’agisse du mariage forcé, qui est assimilable à une forme d’esclavage ou de «l’absence de protection contre les violences fondées sur le sexe et les violences domestiques», il s’agit «d’actes de persécution», juge la Cour. Plus largement, «l’effet cumulé et l’application délibérée et systématique» de mesures discriminatoires aboutissent à «dénier, de manière flagrante, les droits fondamentaux liés à la dignité humaine».

La CNDA française en avait jugé de même cet été

Si les Etats membres restent souverains pour accorder ou non l’asile, les décisions de la CJUE sont amenées à faire jurisprudence. Au sein de l’UE, la Suède, la Finlande et le Danemark accordent déjà le statut de réfugiées aux femmes afghanes. En France, la cour nationale du droit d’asile (CNDA) avait estimé en juillet que «l’ensemble des femmes afghanes» en tant que «groupe social» étaient désormais susceptibles d’obtenir l’asile.

Appliquant de manière ultra-rigoriste la loi islamique, les talibans ont depuis leur retour au pouvoir, en août 2021, imposé un «apartheid de genre», selon l’ONU. Actuellement, les Afghanes ne peuvent plus étudier au-delà du primaire, aller dans les parcs, les salles de sports, les salons de beauté, ni quasiment sortir de chez elles sans chaperon. Une récente loi leur interdit également de faire entendre leur voix en public.