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Criminalité

Trente ans après les attentats: en Italie, la lutte fatale contre la mafia

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Trente ans après la mort des magistrats antimafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, les organisations criminelles sont devenues moins visibles, commettent moins de meurtres, mais recyclent l’argent sale et gangrènent ainsi l’économie légale.
Les magistrats Giovanni Falcone et Paolo Borsellino dans les années 80. (Enzo Brai/Mondadori. Getty Images)
par Eric Jozsef, correspondant à Rome
publié le 29 mai 2022 à 20h29

Sur l’autoroute qui relie l’aéroport de Palerme au centre de la capitale sicilienne, un obélisque sobre et pourpre surgit juste à côté des barrières de sécurité, au kilomètre 5 de l’A29, à la hauteur de la sortie pour Capaci. Au pied du monument, une date et cinq noms : 23 mai 1992, Giovanni Falcone, le juge symbole de la lutte contre la mafia, Francesca Morvillo, sa compagne et les trois hommes de l’escorte Rocco Dicillo, Antonio Montinaro et Vito Schifani. «A chaque fois que j’y passe, je me remémore ce moment terrifiant quand nous découvrîmes le cratère énorme produit par l’explosion.» Directeur de la publication de l’hebdomadaire l’Espresso, Lirio Abbate était alors un jeune reporter chargé entre autres de la chronique judiciaire au Giornale di Sicilia.

Il fut l’un des premiers à se rendre sur les lieux de l’attentat perpétré par Cosa Nostra pour éliminer le magistrat qui avait réussi à organiser le premier maxi-procès contre les parrains. En janvier, la Cour de cassation venait de confirmer dix-neuf condamnations à la perpétuité à l’encontre des membres de la direction stratégique de la mafia sicilienne.

En réaction, les boss siciliens sous la férule du Corléonais Toto Riina organisent cette opération militaire et spectaculaire, en suivant les déplacements de Falcone depuis Rome et en faisant sauter, à l’aide d’une télécommande et de cinq c