Onze jours sur le fil. Après avoir quitté Lagos, au Nigeria, trois migrants ont été secourus lundi à leur arrivée dans l’archipel espagnol des îles Canaries. Ils étaient «fatigués» et présentaient des «signes d’hypothermie» avant d’être «pris en charge par les services de santé» à leur arrivée au port. Et pour cause : ils auraient effectué la traversée sur le gouvernail géant d’un pétrolier. Ils ont finalement été renvoyés ce mardi à bord du navire vers son port d’origine, annoncent les autorités espagnoles ce mardi.
Les trois hommes ont été localisés «dans le safran du navire Alithini II», alors qu’il avait jeté l’ancre aux abords du port de Las Palmas, expliquent les autorités espagnoles. «Ils ont quitté le Nigeria depuis plus d’une semaine, et ont passé tout ce temps sur le gouvernail du bateau», relate dans un tweet Txema Santana, journaliste, correspondant d’El Pais aux Canaries. «L’odyssée de leur survie dépasse la fiction. Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. Les passagers clandestins n’ont pas toujours cette chance.»
Salieron de Nigeria hace más de una semana, tiempo que han pasado en el timón del barco, muy cerca del agua. La odisea de la supervivencia supera con creces la ficción. No es la primera y no va a ser la última. Los polizones no siempre corren la misma suerte.
— Txema Santana ✳️ (@txemita) November 28, 2022
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Un précédent il y a deux ans
Le safran est une partie du gouvernail d’un navire, sous la coque. Ces trois hommes se sont abrités pendant onze jours dans ce petit espace, qui risque pourtant facilement d’être inondé, rappelle l’agence de presse Efe dans un article, indiquant que cette pratique, bien que choquante, est relativement fréquente. En octobre 2020, quatre hommes avaient été découverts de la même manière, à Las Palmas, après avoir passé dix jours sur le safran d’un pétrolier parti de Lagos.
La présence de ces clandestins sur un bateau déclaré différencie leur statut légal de celui des nombreux migrants qui arrivent sur des bateaux de fortune aux Canaries à partir des côtes africaines. La loi ne les considère ici pas comme des «migrants» mais comme des «passagers clandestins». Les autorités espagnoles n’ont pas fourni de détails sur leur identité, ni précisé s’ils avaient demandé l’asile ou s’ils voulaient émigrer.
Une route de plus en plus empruntée
Le nombre d’arrivées de migrants aux îles Canaries s’accentue fortement ces dernières années. En septembre 2021, l’Organisation internationale pour les migrations s’était déjà dite «extrêmement préoccupée» par l’augmentation du nombre de morts sur la route des Canaries. Une trajectoire de plus en plus empruntée depuis le renforcement des contrôles sur la côte méditerranéenne.
En janvier 2022, un rapport de l’ONG Caminando Fronteras dressait lui aussi un constat dramatique : au moins 4 404 personnes, dont 628 femmes et 205 enfants, ont disparu en mer en 2021 alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Espagne. Une augmentation de plus de 100% par rapport à 2020. En quelques années, cette route vers l’Europe est devenue l’une des plus meurtrières du globe.
Mise à jour à 20h avec annonce du renvoi des migrants vers le port d’origine.